Shine bright like a diamond

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J’ai profité du trajet aéroport hôtel pour contacter des personnes bien peu recommandables de mon ancien boulot. J’avais besoin de tuyaux et il y avait là-bas des types sur qui je pouvais compter. C’était risqué, je n’avais pas honoré mon dernier contrat, celui sur Marsh. J’avais berné tout le monde, employeurs et commanditaire, en faisant croire que je l’avais buté. La vidéo et le certificat de décès que j’avais envoyés attestaient de sa mort, le virement avait suivi sans autre question. J’avais démissionné dans la foulée. Mais cette soudaine notoriété avec nos bouquins et Billy nous avait peut-être mis en danger. L’Agence ne me ferait pas de cadeau s’ils savaient Marsh vivant, mais il fallait que je tente.

J’ai posé peu de questions à mes vieux potes :

Pouvaient-ils me rencarder sur Tony, le corse ? Est-ce qu’ils avaient des infos sur le dossier Marsh ? Est-ce que je pouvais compter sur eux ?

J’ai ajouté que je n’avais pas le droit de me foirer sur ce coup-là. Ils allaient m’aider. J’étais peut-être sur une fausse piste, mais je n’avais que celle-là.

Cloisonner.

Alors après l’incompréhension du silence, il y a eu la colère, la rage. Je l’ai agoni de noms d’oiseaux, comme cela ne suffisait pas, j’en ai inventé de nouveaux qui m’arrachaient la gorge et me fracassaient les tympans quand je les hurlais. Alors, je me suis tue. Je voulais devenir du vide. Du vent qu’on n’attrape jamais. D’une densité proche de zéro.

Ses bras me manquent, sa peau, sa bouche.

Mon cœur est une place forte dans laquelle je ne m’aventure pas. Ses ruelles sombres sont pleines de pièges et de sens interdits. Je n’ai qu’une seule devise : ne rien montrer, juste démontrer. Des preuves, des actes et des faits.

S’il n’est plus là, qui soulèvera mes cheveux pour embrasser ma nuque, juste là ? Il a fallu du temps pour le laisser s’approcher. S’il disparaît, je ne serai plus apprivoisée.

Ne pas penser. Avancer.


La chambre du palace est somptueuse, avec une vue à couper le souffle sur l’Empire State. La nuit est tombée sur Manhattan, tout scintille, les lumières de la ville et celle de Noël. Le lit immense me tend les bras mais sans une moitié, il perd de son intérêt.

La vie est à mes pieds, hors de question de ne pas en profiter. Je déguise Billy en chien bien élevé, manteau et bonnet. Je sais, c’est ridicule, mais je n’ai pas le choix, les coyotes ne sont pas les bienvenus à New York City. Le liftier nous sourit, je ne sais pas lequel de nous deux il a reconnu.

Une foule compacte et pressée se bouscule dans les rues. Des odeurs mélangées de marrons tous chauds et de sapins fraîchement coupés me font croire que je suis dans une forêt. Mais une sirène de pompier rompt le charme, elle hurle et il me semble être la seule à l’entendre. NY la Belle a la fièvre acheteuse, les gens choisissent n’importe quoi, des trucs à One Dollar et des choses hors de prix pour remplir les chaussettes pendues aux cheminées. La ville n’est que papiers cadeaux, volutes de rubans et débauche d’argent. Il y a trop de monde pour notre balade. Nous quittons les artères animées et leurs bousculades pour retrouver le calme de la 28th Avenue, direction l’Hudson. Les immeubles en briques remplacent les buildings. On se croirait dans une petite ville de banlieue. À River Park, Billy peut enfin courir un peu.

Je suis dans la Grande Pomme, j’ai un coyote à mes côtés.

On rejoint la High Line désertée par les promeneurs. Nos pas résonnent sur les planches et tout n’est que brillance. Comme si quelqu’un avait jeté de la poussière de diamants sur l’ensemble de la cité. Le fleuve si noir d’habitude est devenu un miroir éclaboussé de lucioles.

Un arrêt au Chelsea Market pour prendre un café. Les étals regorgent de fruits, de légumes montés en pyramides, ils sont tellement brillants qu’on les croirait lustrés. Décidément, tout brille ici. Sauf mes yeux. Ils n’ont plus de couleur depuis hier.

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