Chapitre 6 : Remise de diplôme - Partie 3 : Une belle découverte. (nouvelle version)
Castle Leoch était en effervescence. Toute une fourmilière s’affairait autour d’Isabel. Les extras prévus pour la soirée couraient de la cuisine à la salle de réception. La maîtresse des lieux avait pris soin des moindres détails. Quinze heures sonnaient au carillon et pourtant il restait tant à faire. Céléna traversa le couloir sur la pointe des pieds pour ne pas perturber le travail de chacun. Sa mère lui avait interdit l’accès à la salle de réception pour garder la surprise intacte. Céléna montait les escaliers quand Rory l’interpella :
– Pourrais-tu venir avec moi ? Si bien sûr tu as un peu de temps à me consacrer.
– Toujours pour toi, lui répondit-elle. Laisse-moi juste le temps de poser mon paquet dans ma chambre et je te rejoins.
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Céléna au bras de Rory partirent en direction de la distillerie, en cette journée d’exception la boutique avait fermé ses portes plus tôt.
– Tu sais où est papa ? demanda Céléna.
– Il est parti en ville, il avait rendez-vous avec Monsieur Dupont à l’hôtel.
– Ah, soupira Céléna.
– Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta Rory.
– Non, enfin je n’espère pas.
– Ce matin, avec Isabel, nous l’avons accompagné pour qu’il puisse s’installer, apparemment c’était une demande de ton père. Il ne semblait pas vouloir le rencontrer.
Céléna n’en menait pas large, elle tremblait.
– Ne t’inquiète pas, tout ira bien, la rassura Rory. Ton père m’a dit ce qu’il en était. Il est un gentleman, même furieux, il saura garder sa mesure, mais dira aussi ce qu’il pense.
– Tu sais, je ne voulais pas provoquer de problèmes surtout avant ce soir, murmura Céléna.
– Ne culpabilise pas, tu n’y es pour rien et ces messieurs n’ont qu’à bien se tenir.
– Ces messieurs, pourquoi il n’est pas venu seul ? s'affola-t-elle.
Céléna, toute blanche, s’imagina le pire. Et si Martin s’était incrusté.
– Rassure-toi, il n’est pas là.
– Il t’en a parlé ?
– Oui, Harold avait besoin d’évacuer sa colère, et dans ce cas-là , il vient me voir. Il a eu raison de tout me raconter.
– C’est pour cela que tu voulais me voir ?
– Non, si je t’ai demandé de venir, c'est parce que j’ai une surprise pour toi qui devrait te plaire. La distillerie nous a offert un trésor, et qui est mieux placé pour l’apprécier que toi, l’œnologue diplômée.
– Merci d’être toujours là pour me guider et m’épauler.
– Tu pourras toujours compter sur moi. En attendant, prends un verre, je voudrais que tu goûtes ceci.
Céléna huma les effluves dégagées par le nectar puis posa ses lèvres pour se laisser emporter par les arômes. Rory l’observait avec attention, du haut de ses vingt-quatre ans elle était douée pour reconnaître le moindre parfum.
– Il a du caractère, commença-t-elle. Il doit avoir de nombreuses années à son actif. Sa robe couleur d’ambre et vieux bronze est somptueuse. Ce cru est complexe avec des arômes de vieux chêne et de bruyère brûlée. Je trouve quelques notes de pêches pochées dans du chocolat, du toffee, de la cannelle et du clou de girofle. En bouche, un moelleux très enveloppant et des notes de cacao amer. D’où vient-t ’il ?
– Du fond de la cave du Castle, déclara-t-il. Il était dans un vieux fut en chêne. Ton grand-père l’a sûrement entreposé là, pour un jour pouvoir l’offrir à ses descendants.
– Comment le sait-on ? demanda-t-elle.
– Il y avait un mot sur le tonneau.
– Oh, est ce que je peux le voir ? Papa l’a goûté ?
– Oui, nous l’avons ouvert ce matin.
Le billet accroché au fût, était scellé avec les armoiries de la famille.
– Harold m’a demandé de te le donner. Il souhaiterait que tu décides du sort de ce whisky.
Rory laissa un moment à Céléna, seule, avec cette belle découverte. Elle se servit un deuxième verre et se délecta du nectar qui tapissait. Avec précaution, elle décacheta la lettre avec délicatesse et lut les mots écrits à la main :
« Si Harold, tu ouvres en premier ce pli, alors sache mon fils que tu es toute ma fierté et le bonheur d’une vie comblée. Sache que ce whisky, je l’ai mis en fut de chêne quant avec Isabel vous êtes revenues avec notre douce Céléna. J’ai vu tant d’amour dans vos yeux pour cet enfant que j’ai voulu lui offrir ce nectar.
Si Céléna, tu as le privilège de le découvrir, sache ma petite fille que plus d’une fois j’ai remercié Dieu de t’avoir guidé jusqu’à chez nous. Tu seras pour toujours le plus beau souvenir que je veux emmener pour mon dernier voyage. Cette cuvée est pour toi, bonifie-la tout simplement.
Maman et moi vous aimerons pour toujours où que nous soyons.
Lord Mac Craig »
Céléna, les larmes aux yeux, regardait à travers le verre, les gouttes perlées sur les parois. Ce whisky âgé de plus de vingt ans était un cadeau exceptionnel. Dans ces parfums se trouvaient le souvenir de grand-père, comme si elle sentait sa présence, la regardant par-dessus son épaule. Elle referma la lettre, la glissa dans sa poche et rejoignit Rory.
– Tout va bien Céléna ? demanda-t-il.
– Maintenant oui, je suis prête.
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