Chapitre 7 : Une nuit mouvementée - Partie 1 : début de soirée. (nouvelle version)
Assise sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, Céléna repensait à cette folle journée. Face à elle, les nuages de plus en plus nombreux dansaient avec la lune. Les derniers invités étaient partis, le château s’endormait bercé par la douce mélodie du piano.
Le film de ce mardi défilait dans sa tête. Elle avait confié à son père ses doutes, ses expériences douloureuses à Bordeaux. et apprécié ses retrouvailles avec ses amis, les excuses du directeur, la remise de son diplôme. Tout était gravé dans sa mémoire, comme le parfum du whisky de son grand-père, retrouvé après un sommeil de vingt ans dans un recoin du cellier.
Dès demain, sur son bureau, des nouveaux projets s’amonceleraient, des nouvelles missions se présenteraient et des nouveaux contrats verraient le jour. L’oenologue devrait prendre les choses en main et cette charge de travail ne l'inquiétait pas. Elle devenait la responsable de cet héritage et se réjouissait de pouvoir relever tous les défis.
Depuis enfant, elle suivait son père, et Rory dans la distillerie. Céléna adorait se déplacer entre le wash still et le spirit still, admirant le processus de transformation. Fillette, elle aimait se glisser à l’intérieur des groupes de visiteurs pour écouter son père expliquer la fabrication du produit, raconter l’histoire de la distillerie et son évolution. Elle connaissait les moindres recoins et s’amusait à jouer au guide à son tour avec ses amis.
Avant ses dix ans, elle savait reconnaître les arômes des différents alcools sans pour autant les avoir goûtés. Adolescente, son père l’autorisa à tremper ses lèvres pour en découvrir les goûts. Combien de fois, Rory l’avait retrouvée endormie dans la cave, adossée aux fûts de chênes, avec son carnet sur ses genoux. Céléna écrivait tout ce qui lui passait par la tête, elle avait besoin de sentir le stylo sur la feuille. Dans la distillerie, son jardin secret, à l’écart de tous, elle avait écrit ses premiers contes.
Ce soir, assise face au ballet de nuages enrobant la lune, elle saisit son cahier et commença à écrire l’histoire d'un petit diablotin, sur une branche de sapin, interpellant madame l'astre dans le ciel. Le crayon dessinait de belles ondulations sur la page blanche, le texte agrémenté de plusieurs croquis lui donnait vie. Le spectacle, face à elle, était apaisant et l’inspirait. Ses paupières devenaient de plus en plus lourdes. Elle posa son cahier sur son bureau, le laissant ouvert à la page commencée. Elle s’emmitoufla sous sa couette, Cheeky s’allongea sur elle. Sa douce chaleur et ses ronrons accompagnèrent son sommeil.
Céléna fut réveillée en sursaut par un grand claquement. Les yeux mi-clos, elle tâtonna dans la pénombre à la recherche de la lumière. Elle se souvint qu’elle n’avait pas fermé les volets. La lune jouait à cache-cache avec les nuages. Elle ouvrit la fenêtre, un courant d’air glacial envahit la pièce, le vent s’était levé, les sapins du parc prenaient l’allure de fantômes, ils essayaient de briser leurs chaînes. Au loin sur les montagnes, les éclairs zébraient le ciel. L’orage approchait, il résonnait de plus en plus fort. Elle attrapa les battants en bois et les ferma. Cheeky ouvrit un œil, curieux, s’étira, et s'endormit paisiblement sur un coin de l’oreiller. Il était à peine deux heures du matin, la jeune femme dévala pieds nus les marches d’escalier. Grelottante, elle rêvait d’un thé pour se réchauffer.
Une lumière dans le bureau de son père l’a ralenti. Elle n’était pas la seule à avoir perdu le sommeil. Le bruit avait dû le réveiller. Après un passage dans la cuisine pour allumer la bouilloire, elle récupéra deux tasses et la boîte de thé et les déposa le tout sur un petit plateau, sans oublier d’ajouter des petits biscuits, reste du buffet. Puis, elle rejoint Harold, assis devant la cheminée, un livre dans les mains.
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