Chapitre 18 « Et si … » - Partie 1 : encore ! (nouvelle version)
Quelques heures avant …
En ce début du quatrième tour de compétition, le Old Course ouvrait ses portes aux premiers joueurs. Pour cette ultime journée, le bas du tableau entrait en lice aux alentours de neuf heures du matin. Les départs suivants étaient échelonnés toutes les demi-heures pour accueillir les leaders en début d’après-midi. Quand Mike se présenta à l’accueil, pour confirmer l’heure d’appel, il réalisa qu’il était bien trop tôt pour prendre en main le club pour taper des balles. Le jeune sportif avait envie de se dérouiller les membres inférieurs. La plage, en bas de la route, était le lieu idéal pour évacuer la pression. Il prévint Joseph de ses intentions. De son côté, son grand-père profita de ses quartiers libres pour rejoindre le club house où des amis l’attendaient pour un café.
**
Martin barrait le chemin de Mike. Le jeune homme le fixait d’un regard mauvais, prêt à en découdre. Que lui voulait-il ? Il perturbait ses plans et ses intrusions devenaient lourdes ! Une certitude, il n’aurait plus le choix. En venir aux mains, n’était toujours pas une bonne idée, mais comment faire autrement ? Martin adressa le premier coup de poing. Il l’avait entrepris à la sortie de sa séance au bord de l’eau. L’avait-il suivi ? Les seuls témoins, présents à cette heure, planaient sur l’océan. Le soleil l’aveugla au premier impact. Mike se releva, attrapa Martin par le bras et le poussa au sol, prêt à déverser sa colère. Mais le golfeur se réfreint aussitôt et s’assit à califourchon sur lui.
Bon maintenant, ça suffit. Quel est ton problème ?
Martin le regardait droit dans les yeux. Il ne semblait pas l’entendre. Mike le secoua pour le faire réagir.
Parle.
Pour seule réponse, Martin essaya de se libérer, agita son bassin mais Mike, plus costaud, le maintenait au sol.
Bon fini de jouer, crache le morceau, s’agaça Mike.
Non, tu devras en venir aux mains, ricana Martin.
Tu me gonfles.
Mike ne supportait plus de retenir ses gestes. Que ferait le sportif s’il se retrouvait face à un adversaire peu enclin à se comporter en gentleman ? La première option, la plus simple, serait de se montrer plus malin. Joseph, plus stratège, conseillerait à son petit-fils de l’embobiner pour gagner du temps. Le calme de l’océan contrastait avec la scène sur le sable. Personne ne pointait son nez à l’horizon. Mike se faisait tout un tas de films et tous les scénarios envisagés connaissaient la même fin.
Dans moins de vingt minutes, Mike devrait se présenter dans la chambre d’appel. S’il continuait à maintenir Martin au sol, il raterait le départ. C’était son jour, celui où il pourrait s’affirmer en tant que golfeur et peut-être intégrer le circuit pro. Personne ne pourrait le priver d’arpenter le parcours à côté de ses maîtres. Là pour l’instant, il devait supporter Martin et ses errances, ne comprenant toujours pas ce qu’il devait faire. Agir, en lui mettant à son tour son poing dans le visage, ce serait sans intérêt et même pire entraînerait des blessures qui pourraient être pénalisantes, club en main. Réagir à l’agression, ne serait pas plus positif, cela ne conforterait Martin que dans son goût de la bagarre. Des coups seraient échangés et peut-être qu’ils ne pourraient pas s’arrêter. Mike détestait le conflit, c’est à ce moment-là qu’il sentit le désespoir du jeune homme, les yeux dans le vague. Il était désemparé face à un tel désarroi. Mike se trouvait sur cette plage en désagréable compagnie, et le temps qui filait, la situation, elle se figeait. Il était toujours assis sur Martin, qui s’était résigné, ne bougeant plus. De loin, on aurait pu penser à un couple d’amoureux, s’enlaçant, profitant de cet espace idyllique, seuls au monde. En songeant à cette perspective, Mike sourit et s’assit à côté de Martin, qui en profita pour se lever d’un bond. Mike ne bougea pas.
Pouvons-nous discuter ? proposa Mike.
Je ne suis pas sûr d’en être capable, balbutia Martin.
Qu’est-ce que je t’ai fais ?
Tu as gâché ma vie, s’emporta Martin.
Je ne comprends pas, on ne se connait même pas. Je t’ai juste empêché de faire quelque chose de stupide.
Tu ne connais rien de mon histoire, trancha-t-il.
Tes gestes étaient déplacés envers cette jeune femme. Je ne pouvais pas rester sans rien faire, confia Mike
Tu as tout gâché, répéta Martin en boucle, le regard hagard, elle m’aurait suivi.
Tu ne peux pas l’obliger, s’alarma Mike.
Martin tentait de se justifier. Peu à peu la tension retomba. Après de longues minutes sans un mot, Mike reprit la parole :
Que veux-tu faire ? Toujours te battre ?
Non, tu n’y es pour rien ! soupira-t-il, cette nana est tellement exceptionnelle. J'ai tout gâché.
Et maintenant que veux-tu faire ? insista Mike.
Passer à autre chose, peux-tu m’aider ?
Tout dépend ce que tu attends de moi ?
As-tu du papier et un crayon ?
Pas sur moi, on peut passer par mon hôtel à cinq pas de là.
Ok.
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