Chapitre 24 : du rêve au cauchemar - Partie 4 : une soirée des plus surprenantes. (nouvelle version)
Mike se tenait prêt, son drive en main, rien ne l'arrêtera. Avec Wilco, ils formaient une doublette de choc qui laissait les journalistes pantois. L’un comme l’autre avait la fougue de la jeunesse et ne se posait aucune question au moment de faire fondre le club sur la balle. Le Sud-Africain avait la puissance et l’Écossais une certaine grâce dans les coups d’approche. Leur complémentarité n’était plus à prouver. L’enthousiasme dont les spectateurs les accompagnaient était une belle marque d’affection. Céléna la première était tombée sous le charme du beau jeune homme qui ne la quittait des yeux qu’au moment où le fer s’abattait sur le projectile et fusait vers son seul objectif le trou du drapeau. Les organisateurs se réjouissaient d’avoir eu le nez creux en invitant ces deux prodiges. Le taux d’audience avait grimpé en flèche, après les deux premières journées, les deux jeunes golfeurs étaient juste derrière les deux meilleurs pros de la saison en cours. Les inconditionnels de ce sport ne les quittaient pas du regard, cherchant une éventuelle défaillance de leur part. Le dernier coup de la journée allait être joué. Rory McIlroy et Cameron Smith venaient de terminer par un par, avec une carte de moins douze. Mike poussa délicatement la balle sur le green qui filait en douceur vers son objectif quand il l’entendit crier :
Attention Mike, derrière toi.
Autant improbable que cela puisse être, un alligator massif venait de s’inviter à la fête. Mike ne bougea pas et regarda l’animal poursuivre sa route sans même se préoccuper de cet intru qui errait sur son aire de jeu. Wilco ne fut pas surpris, dans son pays cela s'avérait courant. Quand une clameur s’éleva, les deux jeunes hommes se regardèrent ne comprenant pas si le public s’inquiétait ou si … mais oui ils réalisèrent qu’ils en avaient oublié la balle. Elle avait terminé sa route tranquillement dans sa grotte. Ils venaient de valider leur birdie. Ce dernier coup les mettait ainsi à un coup des leaders avec lesquels ils joueraient demain. Nos deux sportifs, fiers de leurs résultats, n’en revenaient pas. Wilco prit Mike dans ses bras, pour une accolade franche et sincère. Les photographes s’en donnèrent à cœur joie et en oublièrent presque les premiers.
À l’autre bout du parcours, Céléna ne put contenir ses larmes, de peur dans un premier temps ayant craint le pire et de joie devant l’exploit qu’ils venaient de réaliser. Léa franchit la cordelette, petite frontière entre les spectateurs et les joueurs et courut pour tomber dans les bras de Wilco qui, surpris par un tel élan, finit les fesses dans le gazon sous le regard attendri de Mike. Céléna se contenta de faire un petit signe de loin, voulant respecter l’espace qui lui appartenait et dans lequel il évoluait avec autant d’assurance. Quand il disparut pour rejoindre les officiels, elle eut un petit pincement au cœur, tout à coup il lui manquait. L’attente était bien trop longue à son goût. Elle ressentait le besoin de pouvoir laisser ses mains se promener sur son torse, errer délicatement sous son polo bleu vert qui mettait son corps en valeur. Mike de son côté essayait de tout faire pour que les juges accélèrent le mouvement sans pour autant les brusquer. Il se devait de garder cette image de gentleman qui lui collait si bien à la peau. L’euphorie du résultat ne s’estompa pas, pourtant à cette heure il n’avait qu’une envie de prendre sa lady dans ses bras et qui sait retourner sur la plage pour profiter de leur soirée.
Un vieux monsieur s’approcha des deux jeunes hommes et leur demanda :
Serait-il possible que vous vous joigniez à nous ? Nous souhaiterions vous inviter à notre soirée caritative que nous organisons en parallèle de la compétition. Nous serions ravis de vous compter dans nos rangs.
Mike et Wilco se regardèrent surpris d’une telle invitation. Cette journée leur réservait bien des surprises. Ils hésitèrent à décliner puis en conclurent que cela s’avèrerait maladroit. Ils acquiescèrent avec leur plus beau sourire. L’homme avant de partir ajouta :
Bien-sûr vous pouvez venir accompagnés. Vingt heures, je vous enverrai un chauffeur. Tenue de soirée exigée.
…
À dix-neuf-heure trente, Céléna se présenta à l’accueil de l’hôtel, dans sa longue robe bleu nuit. Les regards se retournèrent sur son passage. À moins que cela soit la robe rose fuchsia très courte de Léa qui ne laissait personne indifférent. Le contraste entre les deux filles était frappant : le feu et l’eau réunis. Elles s’installèrent au bar pour commander un rafraîchissement en attendant leurs cavaliers. Les deux trentenaires installés à côté d’elles, leur proposèrent de leur offrir un verre. Léa allait accepter quand Céléna coupa court en précisant qu’elles étaient déjà accompagnées et les remercia de l’aimable attention dont ils venaient de faire preuve à leur égard. Elle n’était pas dupe, elle repérait à mille lieues à la ronde les « Martin ». Hors de question de leur laisser la moindre chance. Alors que le grand blond se montrait insistant, et un peu lourd, une main ferme vint se poser sur son épaule. La jeune femme soulagée par la présence de Mike. Une fois de plus, il lui avait sauvé la mise.
Une limousine les attendait : le grand luxe. Ils s'installèrent avec le sentiment de rêver. Tout était à disposition et s'ils avaient un besoin quelconque le chauffeur leur avait garanti de tout mettre en œuvre pour satisfaire leurs désirs. Les deux couples se regardèrent en souriant, ils avaient l'impression d'être les héros d'une série américaine qu'ils regardaient pour passer le temps. Céléna blottit contre Mike. À cet instant, il ne souhaitait qu'une chose, être seul avec elle pour l'embrasser, sentir sa peau contre la sienne, découvrir chaque grain de beauté qui constellait son corps, telle une carte au trésor qu'il voulait décrypter. Elle était tout simplement magnifique et cette robe dessinait ses courbes avec finesse. Il était fier qu'elle soit à son bras pour cette soirée.
Assis face à eux, Wilco et Léa s'embrassaient sans complexes. Céléna détourna le regard pour ne pas les déranger. Puis, elle enfouit son visage dans le torse de son beau golfeur. Mike avait posé sa main sur sa cuisse qu'il caressait. Ce contact l'avait tendrement bercée, sa respiration s'était posée. Et s'en sans rendre compte, elle s'était endormie. Après un quart d'heure de route, la voiture franchit le portail qui menait à une immense bâtisse aux façades blanches et volets bleus. Les jardins étaient éclairés de part en part, des fontaines agrémentées de parterres de pelouse et de massifs fleuris. Le jeune paysagiste observait les extérieurs avec attention, tous les détails avaient soigneusement été pensés et les jardiniers devaient être une équipe efficace. Une fois le moteur arrêté, il déposa un baiser sur la joue de sa douce pour la réveiller. Céléna sursauta et découvrit les yeux de son cher et tendre qui la rassurèrent aussitôt.
La grande salle où se déroulait la réception était sobre et chic à la fois. Le propriétaire des lieux avait beaucoup de goût et l'œil de Céléna fut aussitôt attiré par l'instrument qui se cachait dans un coin de la pièce à l'abri de l'effervescence. Le piano semblait avoir été abandonné pour la soirée. Elle rêvait de s'installer et de pouvoir jouer un morceau à Mike. Le jeune Écossais quant à lui n'espérait qu'une chose pianoter une douce mélodie sur le corps de sa belle. Wilco et Léa avaient déjà disparu. Nos deux amoureux quant à eux se dirigeaient vers le maître des lieux qui leur faisait un signe. Une fois à sa hauteur, il serra la main de Mike avec un enthousiasme non feint et lui dit :
Mon cher, en plus d'être un golfeur émérite, votre compagne est d'une pure beauté.
Céléna à ses paroles rougit et le remercia en offrant au vieux monsieur le sourire qui faisait fondre le jeune golfeur depuis qu'il l'avait découvert. Depuis toute petite, elle évoluait dans des soirées mondaines. Ce soir, elle était comblée de pouvoir être au bras de celui qui faisait vibrer son cœur et frissonner son corps dès que leurs doigts se frôlaient. S'il n'était que tous les deux, elle l'aurait pris par la main pour aller découvrir les jardins. Mike admirait la subtilité dont faisait preuve sa cavalière, elle avait un mot gentil pour tous. Il buvait ses paroles, pouvant ainsi découvrir et redécouvrir ses lèvres qui distillaient de belles phrases, douces musiques à ses oreilles. Mike réalisa qu'il pourrait la laisser parler ainsi pendant des heures sans se lasser. Sa voix était douce et chaude.
Wilco et Léa réapparurent après une heure, les petits morceaux d'herbe dans les cheveux de sa cousine était la preuve qu'ils n'avaient pas dû s'ennuyer. Le petit sourire coquin qu'elles échangèrent confirma que les jardins devaient être forts agréables en cette fin de soirée. Céléna allait ajouter un mot quand Wilco attrapa Mike par le bras et demanda :
Si tu permets Céléna, je t'emprunte ton partenaire.
Les deux jeunes gens s'engouffrèrent dans la pièce voisine laissant les deux femmes à leurs discussions. Une fois sur la terrasse, Wilco attendit un instant avant de dire à Mike :
Tu me crois si je te dis qu'on vient de me glisser dans ma poche, une enveloppe avec des billets. Et que j'ai une heure, enfin nous avons ce temps pour prendre notre décision.
Mike regardait Wilco ne comprenant pas trop où il voulait en venir et l'incita à préciser ce qu'il entendait par là. Le sud-africain tendit la liasse et ajouta :
J'ai compté, il y a de quoi passer un bon mois tranquille.
Un pot de vin, c'est bien de ça qu'il s'agit ?
Nos résultats ont fait grimper les côtes auprès des bookmakers et bien disons qu'un des invités de la soirée ne serait pas contre le fait que nous perdions.
Hors de question, s’indigna Mike.
Parfait, je m'attendais à ce que tu réagisses ainsi. Ce qui est sûr c'est que pour ma part je n'ai qu'une envie : gagner.
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