- Ça y est.

- Quoi « ça y est » ?

- C’est le dernier jour.

- De quoi ?

- D’octobre.

- Et alors ?

- Alors, c’est aussi notre dernier jour d’écriture.

- Ah oui ?

- Je crois oui…

- Mais on va faire quoi du coup ?

- On fait quoi habituellement en automne ?

- Bah pas grand-chose. Ça sent la fin d’année qui arrive. On commence à réfléchir à ce qu’on a fait de celle qui est en train de se terminer. On déprime un peu au début, histoire de poser les bases. Et puis après on se met à déprimer carrément.

- Exactement ! Et ensuite ?

- Ensuite généralement on tombe malade non ?

- Oui. C’est probablement lié à l’était psychique et la fatigue.

- Sans doute. Il parait que de perdre les bienfaits du soleil ça n’aide pas.

- Pour nous ça marche pas si ? On a toujours préféré la nuit.

- On s’en rend pas forcément compte. Après attention hein, je te rapporte ce qu’on m’a raconté.

- Mais du coup c’est chiant. Et surtout c’est hyper prévisible. Et encore plus déprimant ! Les cycles qui se répètent à l’infini là !

- Après on est plutôt bien en accord avec les saisons non ? Renaissance au printemps, l’été qui voit murir nos plus beaux projets, l’automne qui s’occupe de flétrir leurs contours et l’hiver qui vient les enterrer sous son épaisse couche de gel. En boucle. Depuis des années.

- Bah justement, t’en as pas marre de ça ? T’en as pas marre d’être prévisible ? Qu’on te dise « non mais de toute manière je te connais » ? Et tout le blabla qui va avec ? De ceux qui te voient perdant avant même que la première pierre soit posée ? De celles qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins ? De tout ce monde qui te connait bien plus que tu te connais toi-même ?

- Purée si, t’as raison…

- Bah on va changer ça. Cette année on part sur autre chose. Les résolutions au 1er janvier c’est pour les cons. Ça tient deux semaines et après retour à la normale. Y a que regarder tout ce qu’on a foiré en vingt ans !

- T’as quoi en tête du coup ?

- L’automne va devenir la saison de la préparation.

- C’est pourri comme nom ça non ?

- On trouvera mieux plus tard. L’automne c’est quoi ? Les feuilles qui changent de couleur, les arbres qui s’apprêtent à exposer à tous leur nudité, les animaux qui font des réserves pour hiberner…

- …pour ceux qui hibernent…

- …pour ceux qui hibernent oui. Mais arrête de me couper c’est chiant. En bref, l’automne c’est un temps pris pour la suite. Un temps méditatif – et là je parle pour nous – qu’on s’accorde pour appréhender au mieux la suite. Chasser de nos têtes que l’hiver arrive et que la mort est au bout du chemin – parce que c’est bien là le fond du problème hein, la vacuité de l’existence – et se concentrer sur le vivant. Se dire qu’on a des choses à faire ici. Qu’on a de la valeur. Des gens qui comptent sur nous. Qui peuvent dépendre de nous même. Des gens qui tiennent à nous aussi. Faire le plein de toutes ces personnes, comme des écureuils. Avoir suffisamment de réserves pour passer l’hiver.

- Et tu veux faire ça comment ?

- J’en sais rien. Ça peut être notre premier projet non ? Un projet qui démarre en novembre. Casser le cycle. Changer les règles du jeu. Se créer notre petit rituel. Faire le tour des amis par exemple ? Prendre des nouvelles. Poster des cartes, pourquoi pas ?

- Pourquoi pas ouais…

- Et arrêter avec cette attitude de merde ! Pas de « ouais » à moitié convaincus. On se bouge le cul un peu !

- T’as raison ! On se secoue !

- Merci !

Merci à celles et ceux qui auront suivi, de près ou de loin, ce Writober. Pour ma part je vais disparaitre un temps. Bonne route à toutes et tous.