Chapitre 6 LENDEMAIN DE FÊTE
Paul et maman sortent prendre leur petit-déjeuner sur la terrasse. Ils nous voient, Ryan et moi, toujours dans nos transats.
- Ils ont tellement fait la fête, qu’ils n’avaient plus de force pour monter dans leurs chambres ?
Le soleil et la voix de maman me réveillent. Il est 9h30.
- Bonjour maman. Bonjour Paul.
- Désolé de t’avoir réveillé Sarah.
- Ce n’est pas vous.
Je me lève et comme j’ai toujours dit la vérité à maman, je sais que je n’ai pas le choix de lui dire ce qui s’est passé hier.
- Maman, je dois te dire quelque chose. Mais s’il te plaît, ne me punis pas et ne crie pas dessus, j’ai ta parole ?
- Sarah, tu as ma parole, mais même si tu as fait une petite ou grosse bêtise, j’ai quelque chose à te dire.
Paul s’approche de maman, pour lui apporter son soutien.
- Miranda, si tu es d’accord, je veux le faire avec toi.
Maman lui fait signe de la tête, pour lui dire qu’elle est d’accord pour le faire tous les deux.
- Sarah, avec ta mère, on a quelque chose d’important à te dire et je pense qu’en tant que parents, nous devons te le dire. Tu nous parleras de ta bêtise, mais si tu as pris le volant ou quelqu’un d’autre sous l’emprise d’alcool ou de drogue, la promesse de ta mère ne tiendra plus.
C’est vrai, je n’y ai pas pensé, quand Matt m’a raccompagné. Avait-il bu ?
- Non Paul, ça n’a rien a voir avec ça. De quoi voulez-vous me parler ? Ce n’est pas mieux d’attendre que Ryan ce réveil, pour lui dire qu’il va être grand frère. Vous avez changé d’avis sur le fait d’avoir un autre enfant ?
- Eh non ma chérie, ce n’est pas du tout ce qu’on voulait te dire.
Je suis un peu déçue, j’aimerais bien que maman et Paul aient leur enfant à eux.
- Mais alors qu’est-ce que c’est ? Vous me faites peur maintenant. Tu es malade maman ?
- Sarah, calme-toi. Je ne suis pas malade.
- Alors, qu’est-ce qui pourrait bien être plus important que la confession de ma bêtise ?
- C’est compliqué Sarah. Ton père est passé hier soir.
- Quoi, papa est venu ? Mais pourquoi il ne m’a pas appelé pour me dire qu’il était de passage ? Quoi, non, il a eu un accident, il est malade et il n’a pas voulu me le dire ?
Mon monde commence à s’effondrer, mais maman me dit.
- Sarah, calme-toi, ton père va bien.
Je suis soulagée, tout le monde est en bonne santé. Paul reprend la parole pour aider maman.
- Sarah, ce que Miranda essaie de te dire, c’est que ton père déménage à cinq minutes de la maison.
- Ah, vous m’avez inquiété. Et c’est ça l’urgence ?
- Si seulement. Le truc, c’est qu'Iris a reçu une bourse pour Aya.
- Ouai, mais je m’en fou.
Paul me dit.
- Sarah, je ne pense pas que tu vas t'en foutre très longtemps de la suite. La bourse qu’elle a, c’est pour aller dans ton lycée.
- J’ai demandé à ton père de la changer de lycée.
- Vous vous moquez de moi, vous me faites une blague. Ou alors tout ça est dans mon imagination. Dis-moi que c’est dans ma tête, que je suis encore sous l’emprise de cette merde.
- De quelle merde tu parles Sarah ?
Le ton de Paul change, la compassion est passée à la colère.
- C’est ça ma bêtise, mais pour ma défense, je n’étais pas au courant que j’en prenais. Personne ne m'a dit qu’il y avait de la drogue dans les gâteaux. Je suis vraiment désolé de vous avoir déçu tous les deux.
Des larmes coulent sur mes joues. Paul change de visage et me prend dans ses bras.
- Tu es rentré comment ?
- Quelqu’un, c’est occupé de moi.
- Tu as appris de ta bêtise ?
- Oui Paul, je suis vraiment désolé.
Paul et maman se regardent, elle me dit.
- On te pardonne ton erreur, pas parce qu’Aya est dans le même lycée. Mais parce que tu es venue avouer ta bêtise et que tu as compris la leçon. Je t’aime, mon bébé.
- Mais maman, comment je vais faire avec Aya ?
- Elle est dans ton lycée, ça ne veut pas dire qu’elle sera dans ta classe.
Ryan nous a entendu, c’est vrai qu’il y a eu des cris. Lui ne connaît pas mon histoire avec Aya, mais il me dit.
- Avec la chance que tu as Sarah, cette fille sera dans notre classe.
Paul regarde Ryan et lui dit.
- Sérieux Ryan, on essaye de minimiser les choses et toi tout naturellement, tu lui dis ça.
- Papa, il faut voir les choses telle qu’elles sont.
- Il a raison et je fais comment si elle est dans ma classe ?
Ryan me regarde avec un sourire sur les lèvres et me dit.
- Tu fais comme t’as fait pour Matt toute la semaine, tu l’évites tout simplement, mais pour d’autres raisons.
Il me fait un clin d'œil, en disant "Mais pour d'autres raisons ". En parlant de Matt, j’ai un petit pincement au niveau du cœur. Il aura sa nouvelle proie, il va m’oublier. Il ne va plus s’intéresser à moi. Ryan me fait revenir sur terre.
- Sarah, tu vas bien. Et si elle est dans notre classe, je dirai aux autres de ne pas lui parler.
Même si je déteste Aya, je ne peux pas lui faire vivre ce qu'elle m'a fait.
- Non, tu ne leur diras rien. Personne, je dis bien personne, ne doit savoir qu’elle est ma demi-sœur. Je vais l’éviter, j’y arrivais bien dans mon ancien lycée. Juste s’il te plaît, quand elle aura tout le monde dans sa poche et qu’elle leur demandera de ne plus parler avec moi. Soit mon ami et ne me laisse pas seule. J’ai l’habitude d’avoir été seule à l’école, mais de te perdre et d'être seule au monde. Je ne le supporterai plus. Maman, Paul, je vais faire l’effort d’être dans le même lycée qu’Aya.
Maman me sourit, elle nous propose d’aller prendre le petit-déjeuner.
- J’arrive tout de suite, je prends juste un truc.
Je cherche mon sac, Ryan me voit chercher, il me demande.
- Tu cherches quoi ?
- Mon sac, j’ai mon téléphone dedans.
- Attends, je t’appelle.
Ça sonne, Matt regarde le téléphone. Il voit inscrit Ryan, il se doute que ce soit moi qui cherche mon téléphone. Il répond avec un ton ironique.
- Téléphone de la petite Sarah. Je suis désolé pour vous, mais comme elle a jeté son sac dans ma voiture hier soir quand elle était défoncée. Je ne suis pas sa secrétaire, mais je veux bien prendre un message et ne pas le lui transmettre. Que puis-je pour toi, ma petite Sarah ?
Quand j’ai commencé à entendre le message d’annonce de Matt, j’ai arraché le téléphone des mains de Ryan. Avant que je ne réponde à Matt, Ryan me dit.
- Vous êtes des malades vous deux.
Je ne fais plus attention à ce qu’il dit de plus, mais ça sonner à du comme “ avouez vous vos sentiments qu’on en finisse. “
Je prends la conversation de Matt.
- Ça va, tu t’es bien amusée à m’imiter ?
- Juste un peu. Je pense que tu veux récupérer tes affaires ?
- Oui et te connaissant, tu me les rendras demain.
- Bravo petite Sarah.
J’ai une absence de quelques secondes. Mon esprit remonte à hier soir et des mots résonnent dans ma tête. “ De rien, petite Sarah, je t’aime. “ Pourquoi ses mots résonnent dans ma tête, à ce moment précis, quand Matt m'a dit petite Sarah. Je sais que Matt ne me dirait jamais, je t’aime. Là-t-il au moins déjà dit à quelqu’un, je t’aime ?
- Sarah, tu es toujours là ?
Je reprends mon esprit.
- Désolé Matt, j’ai de brefs souvenirs d’hier soir.
- Et tu te rappelles quoi ?
- Non rien de particulier, mon cerveau me joue des tours.
- Si tu le dis. Je garde tes affaires, mais si j’ai le temps, je te les dépose. Bonne journée, ma Sarah.
Quoi, mon cerveau me joue encore des tours. Je raccroche et rends le téléphone à son propriétaire.
- Ne dis rien aux parents pour mon téléphone.
- D’accord et tu vas mieux ?
- Je ne sais pas, je crois que j’ai encore des effets dans mon cerveau.
Nous rejoignons maman et Paul et prenons notre petit-déjeuner. Je pars dans ma chambre, pour essayer de faire face à Aya demain et tous les autres jours. Je ne peux même pas appeler Ashley, son numéro est dans mon téléphone. Je n’ai personne à qui raconter ma nuit avec Matt et je ne peux pas prendre de ses nouvelles. Maman me rejoint dans ma chambre.
- Sarah, tu vas bien ?
- Oui maman, je vais devoir faire avec. Je ne comprendrai jamais papa. Pourquoi il la croit elle et pas moi ? Il ne m’aime pas ? Je suis une erreur de parcours pour lui ?
- Ne dis pas ça, il t’aime et tu le sais. Aya le manipule.
- Je le sais, maman, mais ça fait mal. C’est moi qui souffre, pas elle. Tu crois qu’il aime Aya plus que moi ?
- Je ne pense pas Sarah, toi tu es sa fille. Il t’aime, mais a sa manière.
Maman essaie, tant bien que mal de défendre papa, ça marche.
- Heureusement que je t’ai. Je t’aime maman.
- Je t’aime Sarah.
Maman se couche à côté de moi, comme quand j’étais petite. Je m’endors. Maman sort de la chambre sans faire de bruit. Papa a essayé de m’appeler, mais comme je n’ai pas mon téléphone, il me laisse un message.
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