281 - ose dire
Gloria donne toujours du lait. Je ne suis pas la seule à en boire.
- Aline me laisse allaiter Émeline. On se voit tous les jours. Elles viennent à l’heure du goûter, après mes cours.
- J’ai aussi mes activités à ce moment là, à l’entraînement. Tu veux un bébé. Moi j’en ai déjà eu deux avant et avec ce nouveau corps ce n’est plus vraiment possible. Il faudra le porter un certain temps avant la creaneonat. Tu es mieux équipée que moi pour ça.
- Je ne suis qu’une lycéenne. On verra après mes études supérieures.
On rit de notre conversation, ça nous semble si décalé. On s’embrasse. On s’aime. Gros câlin. On est contentes de s’avoir. Je suis appelée à l’Hôpital, c’est Onze. Je vais à son chevet, une interne me fait le topo et nous laisse.
- Tu vas bien, Onelia Z. On peut sortir. Rentrer.
- Pourquoi elle t’appelait docteur ?
- Parce que je le suis, en génétique, c’est comme ça que j’ai pu changer de corps. À mes risques et périls. Toi tu n’as aucune séquelles dans ta transition latente. Tu passes de 15 à 18 en âge. Il était temps. Quoi que, moi je suis restée à 15. J’ai du retard.
- Je veux pas grandir, j’ai même les cheveux qui poussent, sans compter le reste. Je veux rester une enfant.
- Écoute, je te propose de faire ça ensemble, toi et moi, d’accord ? Je veux bien t’accompagner dans cette aventure. Tu n’es pas seule, je suis là, il ne faut pas avoir peur, on va affronter notre féminité ensemble.
Donc tous les jours après le sport on s’isole en cabine pour des massages en profondeur. Onze est extrêmement douée lorsqu’il s’agit de me tripoter et précise aussi, comme sur le terrain avec la balle. Je gobe ses doigts pour l’inviter à découvrir mes autres intérieurs. Elle fait de même. Et en fin de séance elle sort un brisim pour les prolongations. Je m’en évanouie en elle et dans un profond sommeil à la merci de son âme. Zellweger. Sa famille n’était pas du bon côté mais ils ne se sont jamais fait prendre, ni bannir. Elle a hérité de ça sur le terrain, elle se faufile et elle feinte comme personne. Elle me réveille en bouche à bouche et je la retiens pour mieux la boire, m’en rassasier et grandir aussi avec elle. Elle se retire et se met à genoux devant moi, le regard fixe, mélancolique. Ses yeux sont plus bleus, comme rétroéclairés. Elle est loin la sauvageonne provocatrice. Onelia se révèle, resplendissante. C’est du sérieux. On n’est plus en train de jouer. Elle me plaît. Je lui plais. On se plait. C’est simple. Et pur. Sincère. Honnête. Si j’ose dire.
Annotations