Avec Onze sur le terrain, je ne sers pas à grand-chose. Quand je regarde Kim faire les 100 pas, elle non plus. On est sur la touche. Au banc des remplaçantes. C’est pas la peine de venir au prochain match, elles se débrouillent trop bien toutes seules. J’écoute la coach se lamenter :

• Vous allez partir et je devrai tout recommencer. C’est toujours pareil.
• Mais tu n’es plus seule, tu as Maïa. Accroche-toi à son destin.

J’ai cru voir une silhouette à l’entrée du gymnase. Je les laisse à leur match et je vais voir dans le couloir. Elle regarde la vieille vitrine de la gloire.

• Je suis venue ici disputer quelques match aussi, en tennis. On se connaissait pas à l’époque. Mais moi, j’ai gardé le même nom.
• Énola. Ça vient de la première bombe atomique sur la planète 3, non ?
• Le pilote a baptisé son vecteur du nom de sa mère.
• Une drôle d’idée. Tu viens pour le vecteur qui vient de passer ?
• Et pour la fin de son Histoire aussi. Je suis la seule à pouvoir conclure.

Elle me tend la main. C’est à moi de décider. Je la saisie.

• Vivien meurt dans son sommeil. Le vaisseau ne repassera plus lui proposer de s’échapper. Notre ère ne basculera pas. Et toi ?
• Non plus. Je reste cette fois-ci. On est dans ma version préférée.
• On va te demander de le ramener, encore.
• Non plus. Je viens de perdre tous mes pouvoirs.

Ils sont en moi maintenant. Mais je n’en ferai rien. C’est ça aussi l’esprit de l’ère 4. Beaucoup de potentiel dans le néant. Beaucoup d’amour dans le tout. Les deux pôles maîtrisés par Greta et Brigitte. On rend compte à la Reine.

• Il va falloir faire sans la menace de ton grand-père.
• Ni le passé ni nos aïeux n’ont à décider pour nous.

Enterrement à Sylvania. Le cercueil en lévitation entouré de soldats au tambour arrivent devant la Cathédrale Sainte-Claire où Adé fait l’Office. Le cercueil passe la porte en silence avant la tempête de l’orgue sous les doigts et les pieds de Marwah. Toutes les familles bannies sont là. Adé commence en latin, continue en allemand et fini en français.

• (…) comme lui notre ère repose en paix (...)

Le cercueil plonge dans la crypte. Vivien Virein Volta, P3-1972 / P4-R4. Sans lui, demain est un autre jour mais pas une autre ère, elle reste notre ère à nous, notre ère de Paix qui l’a mené à sa perte. J’assiste à tout ça en délégation, en tenue de l’Ordre Noir. Énola aussi se fait discrète, en civil. On se retrouve toutes dans la sacristie pour prier ensemble.