Je m’entraîne pour faire honneur aux gagnantes de mes courses. J’explique à l’équipe comment apprécier le jeu plus que la victoire. Je regarde de loin Danielle faire son cours à ses sophomores avant de partir à l’Agence finir mon stage. Je ferme ma console. Il faut que je me trouve une autre voie, loin de ce domaine où je risque d’être harcelée par Big. Mais à l’école d’ingénieures, rien ne me tente. Je ne me sens plus investie d’une mission, j’ai déjà assez donné pour mon ère, j’ai fait le tour de moi-même avec ma transition et aucune institution ne me tente. Il y a de l’activité sur le stade. En tant que coach mentale de l’équipe du lycée, je suis conviée à une conférence dans le stade du campus des grandes écoles. Historiquement chaque grande école avait son équipe et elles faisaient leur championnat ensemble. Tout ça est bien loin. Le coach principal explique :

• Il s’agit maintenant de faire jouer toutes les filières ensemble avec un seul adversaire en face, à l’Est. Vous avez toutes de l’expérience mais considérez-vous ici en formation aussi. Je n’ai rien à vous apprendre, tout viendra de vos élèves, de leurs besoins pour progresser ou pas.

Le coach T est un chef de guerre, l’équipe en dessous est dévouée et motivée. Je reste dubitative, à l’écart. En fait, je m’en fout du staff. J’attends de voir l’équipe. Je récupère le planning, mes badges et je vais voir mon bureau. Il est bien placé, au même niveau que les vestiaires et il y a une terrasse qui donne sur un parc arboré avec un étang. Une fille vient me prévenir :

• Salut Jenna, réunion technique, tu viens ?
• Non, je ne suis pas prête, je vais étudier les profils et ensuite aller les voir une à une. Le sport ou la stratégie, ça ne me concerne pas. Je ne vais pas aux réunions. Je suis là pour apprendre, des joueuses, pas du staff, surtout technique.

Bien-sûr le coach principal ne tarde pas à venir me voir pour me recadrer.

• Jenkins, il y a un problème ?
• La guerre est finie, colonel Taylor.
• Commandant. Je sais. Mais c’est ma façon de faire, il faut s’y plier.
• En fait, vous avez plus besoin de moi que les joueuses. Je veux bien venir pour évaluer les dégâts, traiter le problème à la source.
• Merci. Quoi ? Peu importe.

Je ne m’ennuie pas réunion. Je dresse le profil de chaque intervenante et je commence l’évaluation. Il y a les bons, les neutres et les toxiques. J’envoie le rapport directement au commandant, sans son profil à lui.