Le phénomène d'auto-censuration
de -
« J’ai rêvé que deux mecs venaient, tu sais, des hommes en costume avec un badge sur la poche, ils frappaient à la porte, coup de taser, les deux hommes étaient là pour toi, j’étais par terre, K.O technique, impuissant. Ils venaient pour toi.. »
Ça fait partie de notre quotidien, et il me dit ça comme ça, les nouvelles du matin, la UNE des journaux de nos nuits. Je me suis replongée dans mon livre, Black Sad, comme un retour vers les amis de mon enfance.
« Parfois, quand j’entre dans mon bureau, j’ai l’impression de marcher dans les ruines d’une ancienne civilisation. Non à cause du désordre qui y règne, mais parce que certainement cela ressemble aux vestiges de l’être civilisé que je fus jadis » - Quelque part entre les ombres.
Le vent se met à souffler et il fait si froid que je me suis réfugiée dans la petite pièce, la seule sans fenêtre, la petite pièce ou j’avais entre posé tous mes cartons, mes livres. J’ai rêvé de partir, ça n’a jamais été le bon moment, depuis toujours. Dehors, les volets claquent, et j’ai scotché les murs pour ne pas laisser entrer la pluie. Les idées me viennent mais je n’ai plus le temps, tout le monde me dit que c’est urgent, que la guerre est à nos portes, alors malgré le froid qui essai d’entrer, je tape au plus vite, les maux de mon cœur.
Dans ma plus grande détresse, c’est donc vers ma bibliothèque que je me suis tournée, retrouver les auteurs qui m’ont donné envie, quand j’avais dix ans, de raconter des histoires pour oublier la mienne. Laisser des mots partout. Ecrire sur les murs. Tenter le surréalisme dans la poésie, et le fusain pour la détente. J’écris pour me vider. J’écris parce que ce soir, parce que loin de tout, et loin de tout le monde, j’ai peur qu’ils viennent me chercher. Le complot de ma vie. Ecrire un livre malgré eux. Donc écrire sans devoir y penser. Les feuilles Canson s’accrochent au mur, les documents se multiplient, sans noms, sans personne pour lire, j’erre, à la recherche d’un rien. C’est comme si j’avais tout perdu, en retrouvant mes réponses. C’est comme si écrire était devenu un automatisme de survie, comme si la douleur ne pouvait s’en séparer. Les pages se détachent, je ne manque de rien, mais toujours un vide, un néant qui grandit au fur et à mesure des journées. Plus de matière à créer, je suis une flaque de boue. Minutieusement, je m’installe au bureau en bois pour étudier les rêves, je déborde, j’arrive à maturation, et j’expulse. Minutieusement, je m’installe au bureau comme des fourmis qui se mettraient à leur tâche. Je n’ai pas eu besoin de regarder dans un livre pour comprendre, il m’a raconté son rêve, en évitant des détails j’imagine, les détails qu’on néglige, les détails qui nous brisent. J’ai versé une larme, une larme bien retenue qui arrive du fond de la gorge, j’ai ravalé ma colère.
Je ne sais plus quel jour nous sommes, ça m’a fait perdre mon style.
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