Toi mon cauchemar !
- Oh mon pauvre, tu as encore fait un cauchemar !
Voilà la phrase culte en réponse à un enfant qui fait un cauchemar. On prend son enfant dans les bras, pour l'emmener au plus près de notre coeur, là où il peut enfin trouver du réconfort, après cette terrible épreuve qu'il vient de vivre.
A son grand, on lui dit de consulter, il ne va pas pouvoir vivre ainsi éternellement. Puis, comme on devient moins bon en câlin, quand les grands nous dépassent en taille, on préfère laisser la main, quitte à payer le prix, le prix de la paix aussi, une façon de s'en laver les mains, quand la réponse à ses angoisses nous échappe, quand le cordon est définitivement coupé.
Autrefois, j'étais comme vous, je m'inquiétais de ce phénomène qui me glissais des mains, et comme la plupart des gens de notre temps, j'aspire à tout contôler. No Panique, je maîtrise !!!
Parlons maintenant du temps dans lequel le cauchemar intervient. Le sommeil, ce temps de pause dans notre journée qui ressemble beaucoup à une mort de courte durée.
Comment ne pas ainsi fantasmer sur la nuit et tous ses attributs.
Je m'excuse auprès de tous ces gens qui dorment eux, le jour, et pour qui la nuit n'a enfin plus de secret, les zombies de la nuit ! Ils sont "par leur vie" plus proches des morts que des vivants, nous les appellerons les morts-vivants.
Sur la nuit, je commence à avoir un dossier bien complet. Cette belle, grande et élégante femme, toujours vêtue de noir !
Au début, elle n'a pas été tendre avec moi, je peux dire ça. On ne rentre pas dans sa "Boite de nuit" ainsi, il faut montrer patte blanche. Certains ont des "Pass-droits", ils se faufilent sans le contrôle des douanes, ils sont rares, je pense que leur organisme est réglé en mode "éveil la nuit, sommeil le jour" depuis toujours.
La nuit, tu veux y travailler, viens, y a du taf, les places sont à gogo, en réduction et soldées toute l'année.
Peu sont ceux qui veulent venir nous rejoindre.
Mais sachez, vous les plus hardis qui voulez découvrir un autre monde sans prendre l'avion, que du jour au lendemain, vous allez être les prisonniers des griffes de notre hôte. Elle va s'acharner à enfoncer ses ongles dans votre tête, vous empêchant de retrouver les plaisirs du sommeil naturel.
Psychologiquement, ce n'est pas naturel d'être attiré par un monde où on ne voit rien à un mètre de distance. Mais physiologiquement, c'est même suicidaire ! Notre organisme a été conçu de sorte qu'il se refroidit naturellement la nuit pour chuter progressivement dans l'endormissement, il sécrète à partir du coucher du soleil la mélatonine, l'hormone du sommeil, qui au bout de quelques heures, sous condition d'une hygiène de vie irréprochable, va nous porter doucement vers son nid douillet.
A l'inverse, dès l'aube, le corps va sécréter l'hormone de l'éveil.
En conclusion, le travailleur de nuit va aller à l'encontre de tout ça, luttant la nuit contre le sommeil qui le poursuit, et se forçant le jour à dormir quelques heures.
Dès lors, il n'a plus le temps d'arriver jusqu'à l'étape des cauchemars, car c'est après le repos physique du corps qu'intervient le repos psychique. Souvent, l'hormone du réveil, le cortisol, sera intervenue pour le réveiller avant. En plus des bruits de la vie qui se joue tout autour de ce sommeil fragile, les lumières, le soleil, la chaleur, voire la canicule durant l'été, où souvent le jour prend 15° de plus que la nuit.
Et là je vous dis que faire des cauchemars depuis que je travaille de nuit est devenu un luxe que je n'ai plus les moyens de m'offir !
Et à vous qui avez bien joué votre rôle de parent en réconfortant votre enfant après un cauchemar, saviez- vous qu'ils sont bons pour sa santé mentale ?
Maintenant, quand mon enfant me dit : - J'ai fait un chauchemar. Je lui dis : - C'est bien, c'est bon tout ça !
Des chercheurs ont ainsi réveillé des personnes à chaque fois qu'elles s'apprêtaient à cauchemarder... Ces dernières ont sombré dans la folie ! Apparemment ! Des expériences dont je n'ai pas retrouvé les traces sur le net, mais que m'a confiées un thésard qui a fait son mémoire sur le sommeil.
Bonne Nuit les petits !
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