Chasse aux lions (1855), Delacroix

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Akrya fuyait. Ventre à terre, elle courait, comme si sa vie en dépendait, ce qui, malheureusement, était le cas. Sa courte crinière de jeune lionne au vent, elle sautait, rampait, franchissait tous les obstacles sur sa route. « Rrrrr… » . Akrya tressaillit. Elle venait de reconnaître le rugissement de sa mère. Rugissement qui s’était transformé en râle d’agonie. La petite lionne gémit. Puis elle entendit son frère, Erylys, qui rugissait de terreur ! Elle sentait son odeur, il n’était qu’à quelques mètres ! Et il empestait l’épouvante ! Elle se dirigea vers lui. Elle humait encore son odeur, mais ne le voyait toujours pas ! En sentant la terre s’effriter sous ses pattes, elle baissa les yeux… et recula précipitamment ! Elle était au bord d’un immense gouffre, où se trouvait Erylys !

-Akrya ! appela le lionceau, un peu soulagé.

Akrya regarda autour d’elle mais rien n’était susceptible d’aider son frère. Les chasseurs se rapprochaient. Erylys le perçut lui aussi, et la pressa :

-Akrya ! Aide-moi ! puis, se ravisant, il l’enjoignit : Non, sauve-toi ! Et surtout, sauve El Amarys !

El Amarys était leur plus jeune frère, mais surtout, c’était le successeur officiel du chef de clan actuel. Du haut de ses trois ans et demi, le lionceau se battait aussi bien qu’elle, et pour cause, elle l’avait entrainé. Il avait été marqué par les dieux souverains Ap Amia et Zim Dabia, qui lui avaient conféré courage, sagesse, justice et foi.

Bien qu’il soit un redoutable guerrier, El Amarys n’avait jamais affronté les Deux-Pattes, contrairement à Akrya. Les chasseurs, juchés sur leurs chevaux, égorgeaient les lions, séparant leurs têtes de leurs corps avec leurs épées, comme les déesses Eymra tranchant le fil de la vie. C’est pourquoi elle se précipita sans tarder à son secours. Elle se raidit. « Rrrrr ! ». Elle se retourna, ayant entendu le cri d’attaque d’El Amarys, et se cacha dans un buisson. Elle vit son petit frère blessé par un coup de lance, et, tout en contournant la clairière afin de ne pas se faire repérer, elle lui rugit de partir et le rejoignit dans le bosquet voisin. Abandonnant les cendres fumantes de leur famille décimée, ils s’enfuirent au soleil levant vers la montagne vermeille.

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