Nous resterons à la nuit
Comme une cause qui n’a pas de lien
Avec le reste des mots-choses
Et des choses de rien
C’est une aube qui se dessine
Qui assassine le vaurien
Aux mains racines
A la patine qui se souvient
La vallée et la colline
Où l’on croyait qu’on était bien
Mais ce n’était qu’une prose,
Une pauvre catin
Une oeuvre à l’italienne
Au retors alcalin
Nous resterons à la nuit
Dans les heures apprêtées
Lorsque les corps ont fui
Qu’on se rappelle
Celle qui a été enlevée
Celle dont on s’est dit otage
Celle qui ne disait rien
Celle qui au premier orage
A déserté le terrain
A disparu des plages
Celle que le matin
Vêtu de coquillages
A écorché ses seins
A menti sur son âge
Et enfanté ce sien
Alors qu’il était nôtre
On s’est perdu en chemin
On a jeté l’apôtre
On a gardé la fin
Celle qu’on nommait la vôtre
Pour en faire la putain
Des enfants de ces autres
Qui s’insufflent gardiens
Soldats de pacotilles
Généraux de l’encore
Quand même l’or vacille
Sous le joug des remords
A la moindre brindille
Qui tombe et puis déplore
Que l’ordre ne scintille
Qu’au respect de ses morts
Nous resterons à la nuit
Même s’il nous faut inventer le jour
On sait que le raccourci
Ne vaut rien rapport aux détours
On sait qu’on n’a qu’une vie
Qu’un simple accroc l’ajoure
Nous resterons cette nuit
Sans attendre l’amour
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