Désert sans fin
Jour ?
Le passé, le présent, le futur se ressemble ici. Je ne sais pas vraiment où je suis mais ce que je sais c’est que je suis seule. J’ai marché tant de kilomètres que j’ai arrêtée de compter mes pas. Je vois pleins de dunes, pas un animal à l’horizon. Ai-je trop bu pour arriver dans ce désert ? J’essaye de me rappeler en notant des mots dans ce carnet. J’avoue, ils ne veulent rien à dire et pourtant, ils en dévoilent trop.
Jour ?
J’ai pourtant l’impression d’avancer et toujours des montagnes de sable. Pas un brun d’herbe, pas une goutte d’eau, ni une rivière. Rien à part du sable, j’ai monter dessus pour regarder au loin, je ne vois que des dunes. Je n’arrive même pas à pleurer, je ne sais pas si je suis en colère ou triste d’avoir perdue toute civilité. Est-ce un jeu de mes amis ? Est-ce un châtiment d’une personne que je ne connais pas ? Tant de questions qui demeurent sans réponses.
Jour ?
Je me mets à chanter seule, des chansons sans rythmes avec quelques syllabes pour m’accrocher à quelque chose et ne pas sombrer totalement. Ce carnet est étrange, je crois lire un prénom mais ma vue est tellement brouillée, mes mains abîmées. Ce crayon de papier que je tiens avec difficulté entre mes doigts, je remarque deux personnages Disney et un cœur au milieu gravé. Ma mémoire me fait défaut, ce crayon est-ce pour me mettre sur une piste ? Est-ce un indice pour me permettre de sortir de lieu sans fin ?
Jour ?
Je n’en peux plus, je n’arrive plus à faire un pas. Mes chaussures ont été retiré, elles me faisaient mal au pied. J’ai des ampoules, j’ai faim, je rêve de plein de choses dans ma tête, une longue liste à n’en plus finir. Je me vois même danser sur la musique d’Obélix avec ces sangliers. Je deviens folle ! Je dois écrire une alerte, un SOS sur ce carnet bleu avec ses belles feuilles blanches si lises comme de la soie. J’hésite à continuer à gribouiller des mots, de peur, de le froisser. J’y tiens tellement à cœur, un sentiment étrange émane de ce carnet qui lui-même est gravé des mêmes personnages. Malgré ma fatigue, je devine que le carnet et le crayon de papier ont un lien entre le fait que je sois prisonnière dans cette forêt puis ma tête qui me fait mal. Où est le bouton STOP pour arrêter ce périple infernal ?
Jour ?
Les deux objets à terre, je suis allongée replier sur moi-même Je n’ose plus faire un seul geste, tétanisé. Non à bout de cet enfer. J’ai écrit mes dernières volontés sur les feuilles, il y a des heures où des jours. Je suis perdue dans l’horloge du temps. Le sablier a eu pitié moi. Mes paupières sont lourdes, je ne peux résister à cette envie de dormir. Mon sort en est-il jeté ?
***
J’entends une voix, non un bruit de bébé au loin. Non, où suis-je ? Je sens que quelqu’un me sert ma main Des bruits stridents de machine me parviennent jusqu’à mes oreilles. J’ouvre doucement mes yeux, ce blanc m’interpelle. Je bouge dans tout les sens, autour de moi, du monde s’agite en blouse blanche équipé de matériel médical. Je me calme, reprend mon souffle. Je tourne la tête vers la droite, je distingue une table de nuit, j’y voit le carnet et le crayon que je reconnais. Puis, mes mains tiennent un poids.
Je hurle dès que ma vue est revenue nette :
« Aaaaah ! à plein poumon »
L’homme assis à mes côtés et l’infirmière à ma gauche me disent en chœur :
« Le bébé est en pleine forme, c’est un garçon ! »
Je n’ai pas le temps de rebondir sur la phrase que je viens d’entendre que l’infirmière enchérit :
« Madame, vous vous êtes évanouie, juste après avoir terminé l’accouchement. Vous avez fait une bonne frayeur à votre mari ainsi qu’à l’ensemble du personnel de maternité qui s’est occupée de vous. Nous sommes soulagés que vous êtes réveillés. »
Je suis heureuse d’être maman et avec ma famille, à l’abri de ce cauchemar sans fin.
Plus tard, j’apprends que les personnages Disney gravés sont nos deux films préférés et ils sont également nos initiales : Mary Poppins et Pinocchio.
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