Les cendres d'une âme à vif (avec Rory Firenze)

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Il ne savait pas, il ne savait plus rien. Tout ce qui avait pu avoir un jour du sens pour lui s’était envolé. Il ne restait que Leïla. Sa Leïla. L’amour de sa vie, son âme-sœur. La mère de son fils et du bébé qu’elle allait mettre au monde d’un instant à l’autre.

Il lui avait tout céder. Il lui avait tout accordé. Il avait accepté qu’elle garde leur premier enfant malgré tous les risque que cela impliquait pour une humaine. Il n’avait pas voulu se résoudre à la priver d’être mère. Et jusqu’à ce jour, il la remerciait silencieusement chaque fois qu’il posait ses yeux sur les deux billes bleu-vert de leur petit garçon de quatre ans.

Et tout avait commencé lorsque pour la seconde fois le ventre de la jeune femme avait commencé à s’arrondir. Même si Loras était venu au monde sans problème, cela ne signifiait pas que leur second enfant serait tout aussi simple. Mais encore une fois, il n’avait fallu que quelques mots et un baiser pour que Rory se laisse convaincre par le regard sans fin de son âme sœur.

***

Le salon était plongé dans la pénombre, seule le lointain éclairage municipal éclairait un peu l’endroit. Éclairait un jeune homme qui avait perdu encore plus que l’amour de sa vie. Ho il lui restait leur fils… Mais le regarder, le voir chaque jour était pour lui autant un soulagement qu’une véritable torture. Loras était un petit garçon plein de ressource très souriant, gentil et obéissant. Inconsciemment, il faisait toujours beaucoup d’effort pour faire sourire son père. Les enfants sentent ces choses-là, la tristesse de leurs parents. Et Loras n’avait pas fait exception à cet instinct si particulier.

  • Pourquoi tu pleures, papa ? Avait demandé un jour le petit garçon.

Une question qui était aussi douloureuse à entendre qu’à y répondre.

  • C’est parce que j’ai perdu mon cœur… Mon âme… tout… Elle m’a tout prit… Avait finalement répondu Rory une fois qu’il se fût retrouver seul…
  • Elle m’a vraiment tout prit…

Oui, sa joie, sa raison de vivre, sa passion. Elle avait tout emporté le jour où elle avait fermé les yeux à jamais. Se rappeler c'était le revivre tout aussi douloureusement. Et pourtant, le garou ne pouvait s’empêcher de se remémorer ces instants là… Comme pour s’avertir qu’il fallait qu’il garde bien cacher les cendres de ce cœur qui avait brûlé si passionnément pour Elle. Leïla.

***

Elle avait tellement insisté pour mettre au monde cette enfant dans la maison de la meute. Elle qui pourtant était tant méprisé, qui n’avait pourtant pas céder de vouloir Rory près d’elle. Elle avait lutté pendant tellement de temps pour son seul fils puisse continuer à voir les autres petits de ce clan qui lui était interdit. Elle n’avait jamais eu peur des loups. Comme si dans une autre vie, elle avait été bien plus. Leïla était du genre à avoir un cœur de lionne. L’une des femmes les plus courageuses et braves que Rory ait pu connaître.

Alors, quand elle avait encore insisté pour mettre au monde leur seconds enfants sous le toit de l’alpha récalcitrant, Rory avait fit de son mieux pour organiser son arrivé. Il avait supplié, montré sa gorge, son ventre. Il s’était soumis de différente manière pour que… pendant quelques jours… quelques heures, Leïla fasse partie de sa meute, qu’elle fasse pleine partie de sa vie. Mercucio avait accepté, d’un simple revers de main qui avait cédé ce petit caprice au garçon qu’il considérait encore comme un louveteau. Mais peu avait emporté à Rory de perdre de la fierté. Tout ce qui comptait était ce sourire et ce regard brillant de son âme-sœur.

Vers la fin, tout s'était déroulé très vite. Rory ne s’en rappelait que par flash très rapide. Les premières contractions, habiller en hâte le petit Loras encore endormi, faire une petite valise, prendre le nécessaire, la route trop longues, les cris de Leïla qui faisait de son mieux pour maîtriser les douleurs et ne pas effrayer son petit garçon.

Rory se souvenait encore de ce sourire radieux qu’elle avait offert à Loras lorsqu’elle lui avait dit qu’il serait bientôt grand-frère.

Mais comme dans tout compte de fée, il faut un élément tragique. Et le fait que Leïla ait préféré un endroit familial pour donner la vie l’avait privé de toute assistance médicale. Rien ne pouvait aider à supprimer la douleur. Christy et d’autres de louve de la meute l’avait assisté, avait tenté de remettre l’enfant en place.

La douleur, Rory pouvait la ressentir. Il n’avait pas eu le droit de lui tenir la main. Les hommes ne pouvaient pas entrer. Les poings serrés. Le jeune homme ne pouvait qu’attendre que le mal passe. Il n’avait le droit à rien d’autre si ce n'était de rester immobile pendant qu’elle hurlait à s’en déchirer les cordes vocales.

Et puis plus rien. Le silence. Le vide. Le froid. La solitude.

Comme un fils de toile d'araignée qui se rompt, l’espoir de Rory venait de s’en aller. L’espace d’une seconde, il était mort. Le lien qui le reliait à sa femme venait de se consumer et de disparaître dans la fumée.

Instantanément, il avait compris que tout était terminé. Ses rêves, ses ambitions, son cœur, son âme. Tout avait disparu en un seul et dernier souffle. Un dernier cri d’agonie.

Lentement, il était entré dans la pièce qui sentait le sang, derrière Mercucio qui avait tenu à l’accompagner.

Le résultat était là. Leïla était morte. Le visage crispé en une ultime grimace de douleur. Plus loin, Christy tenait dans ses bras un petit paquet de linge. Secouant la tête de gauche à droite, les yeux rougis.

Il avait tout perdu.

  • Pfiou ! Il en aura fallu du temps pour qu’elle nous laisse tranquille cette garce. Avait prononcé le chef de la meute, ne perdant pas plus de temps, il emballa le corps dans le drap et le montra du doigt au jeune père de famille solitaire.
  • Si tu pouvais bien nous débarrasser du corps de ton humaine, ça m’ennuierait de sentir son cadavre pendant plusieurs jours. Rajouta l’Alpha avant de tourner le dos à son cadet.

Ses mots, Rory les avait entendus comme s’il était à l’intérieur d’un aquarium. Sous la forme d’un écho étouffer. Et puis plus rien le noir.

Il ne se souvenait plus de ce qu’il avait fait après cela.

On lui avait bien entendu raconté. Raconté qu’il s’était à demi transformé pour sauter à la gorge de Mercucio. Qu’ils s’étaient battus jusqu’à ce qu’on l’assomme. Qu’il s’en était suivit ne sorte de guerre civiles entre les partisans de Mercucio et ceux souhaitant un nouvel ordre. Que c’était grâce à lui que les loups avait trouvé le courage de se battre face à Mercucio, retrouver leur liberté étouffée. Et ainsi que Tankred était devenu le chef de la meute en séparant la tête de son corps de l’ancien Alpha.

Lui, il s’était réveillé solidement enchainée à la cave derrière des barreaux recouvert d’argent…

Et il avait hurlé.

Hurlé jusqu’à s’évanouir, jusqu’à ne plus avoir de parle. Jusqu’à ne plus réussir respirer tellement les sanglots se pressaient et ne pouvaient plus sortir. Il se sentait plu sel qu’il ne l’avait jamais été. Privé de sa raison de vivre, de son âme sœur. Il était devenu le réceptacle d’un vide que seul la violence et la douleur semblait pouvoir abaisser. Alors après avoir réussi à s’extraire de ses chaines, il avait tapé les murs, il avait essayé de ronger les barreaux. Il s’était usé, avait saigné…

Inconscient du temps que cela avait pris, il avait continué pendant plusieurs jours et plusieurs nuit. Sans dormir, sans manger. La folie l’avait pris. Il avait commencé à entendre sa voix…

Puis tel un enfant, il s’était mis à sangloter. Sa Leïla ne reviendrait jamais. Ce morceau de son âme ne serait jamais recollé. Il se serait sûrement laissé emporter par le désespoir, illustrant alors ce que voulait dire “mourir d’amour”. Mais Loras, son fils… était venu le voir. Lui aussi avait les yeux rouge. Lui aussi avait longtemps pleuré. Pauvre petit orphelin.

Loras l’avait observé. Avec ses grands yeux bleu-vert. Il l’avait regardé avec curiosité, comme s’il peinait à retrouver son père dans une foule imaginaire. Et grâce à ce grand regard innocent, il avait eu, pendant une fraction de seconde, l’impression de retrouver la femme de vie. Les mêmes yeux. Le même calme observateur.

Personne n’avait parlé lors de cet entrevu et Loras avait fini par baisser ses yeux et partir comme il était venu. Laissant le père toujours aussi misérable.

***

Il lui avait fallu du temps. Beaucoup de temps. Pour sortir de cet état de léthargie dépressive entrecoupé de phase autodestructrice. Vivre à nouveau avec la meute avait empêché ses quelques tentatives de suicides. La présence de son fils l’avait empêché de quitter la meute et de devenir un loup-solitaire.

Aujourd’hui encore, les choses étaient dures. À peine deux années que Leïla avait disparu et il ‘avait toujours pas réellement fait son deuil. Mais il s’habituait à son absence. A cette vie donc chaque jour sans elle était une épreuve en soit. Se réveiller seul, s’endormir seul. Plus jamais elle ne poserait sa main sur sa tête pour calmer la douleur de ses transformations. Plus jamais elle ne s’endormirait contre son pelage encore taché de sang. Plus jamais elle ne lui dirait “je t’aime”...

  • Papa… C’est vraiment aujourd’hui ? Demanda la voix enfantine de Loras. Ramenant Rory sur terre.

Là, devant la pierre tombale, le duo de loup déposa un gros bouquet de fleur qui rejoint d’autre couronne. Aujourd’hui, c’était le jour où Leïla avait péri en voulant créer plus d’amour encore.

Il ne pouvait pas répondre avec des mots, sous peine que sa voix n’explose en petit morceau. Alors il se contenta de hocher la tête avant de poser sa main sur la stèle.

  • Tu me manque, Leïla… Prononça-t-il simplement du bout des lèvres tandis que deux sillons de larmes glissèrent sur ses joues pour terminer par s’exploser en quelques grosses gouttes sur le marbre rose.

Sans rien ajouté, il fit volteface, serrant d’avantage la main de son garçon dans la sienne. Maintenant, il fallait qu’ils quittent cet endroit...

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