Miroir, mon beau miroir ....

2 minutes de lecture

Des yeux sans couleur exacte, une mine renfrognée, un physique banal, le reflet que renvoie le miroir n’est guère flatteur. Tu flottes dans ce vieux t-shirt deux fois trop grand pour toi. Tes jambes nues portent encore les éraflures du chat siamois aux yeux vairons de ta grand-mère qui te déteste. Cette mine renfrognée est d’ailleurs due à ces éraflures qui te défigurent tes jambes que tu ne trouves pas si mal.

Ta mère te trouve trop mince. Tu remontes l’ourlet du t-shirt jusqu’à tes côtes et inspire fort. Tes côtes en ressortent plus saillants. « Elle a probablement raison », que tu te dis. Tu soupire en relâchant le t-shirt. Tu te rapproches du miroir. Tu parais timide, introvertie, sans importance. Ta silhouette fluette tantôt critiquée, tantôt admirée te donne envie t’effacer. Littéralement. Puis ensuite te redessiner selon leurs critères. Tu tires sur le col du t-shirt : des clavicules saillantes apparaissent. Tu les aimes bien pourtant. Mais ce n’est pas l’avis de tous. Pour eux, c’est scandaleux, c’est affreux, c’est effrayant. Tu te retournes, relève le vêtement jusqu’à tes fesses. Tu portes une culotte en coton gris clair. Tu as un petit fessier à peine rebondi. Sur la fesse gauche, cachée sous ce tissu en coton gris clair, se trouve cette grosse tâche noire, souvenir d’une brulure au lait très chaud. Tu ne les trouves pas moches tes fesses, tu les aimes bien. Ce qui n’est toujours pas aussi du goût de tout le monde.

Tu remontes encore plus le t-shirt jusqu’au milieu du dos. La tâche noire qui suit ta colonne vertébrale s’y trouve toujours encore après toutes ces années. Tu ne l’aimes pas, tu aimerais l’effacer avec une gomme.

Tu refais face au miroir. Il te renvoie toujours la même image peu flatteuse. Mais si l’on se rapproche, si l’on voit bien tout au fond de ces yeux oscillants tantôt entre le noir et le marron, tantôt entre le gris foncé et le marron, on y voit ta vraie beauté. Dans ton regard, on voit à quel point tu es en paix avec toi-même. A quel point tu es pugnace, stricte, forte, juste, rêveuse, empathique, altruiste, bosseuse, indépendante, insolente, douce. Tu trouves tes imperfections parfaites. Et à cette question : « miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? », tu réponds toujours : « Je n’en ai vraiment à foutre de le savoir ! ».

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Natsyn007 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0