Chapitre 22
- Maintenant que vous êtes tous assis, je vais vous rappeler l’objectif de notre séance d’aujourd’hui. Malcom, change de place, viens t’assoir ici ! Comme ça tu ne te disputeras plus avec Noah, et je n’aurai plus à m’interrompre ! Je vous ai adressé sur le site de l’école la description d’un hôtel à insectes. Nous avons vu jeudi dernier à quel point ces petites bêtes sont utiles pour le maraîcher, et pour les agriculteurs en général. Nous avons déjà un hôtel à insecte près des grandes serres, mais nous allons en construire un deuxième ici, près du potager pédagogique. J’espère que tout le monde l’a bien étudié, car aujourd’hui les compétences importantes sont « réaliser » et « coopérer », et non « s’informer ». Cela veut dire qu’il faut être actif, prendre des initiatives, et surtout se partager le travail. Je veux voir tout le monde en train de faire quelque chose. Personne ne rêve dans son coin en attendant que l’heure passe, personne ne râle, et personne ne se dispute ! C’est clair ?
- Oui Gwenaelle ! répondirent les enfants.
- Bien ! Vous pouvez aussi consulter les tablettes, mais elles restent ici. Vous ne vous baladez pas partout pour bricoler avec les tablettes, elles sont fragiles. Vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez à Franck et à moi-même, et vous avez le droit d’aller regarder l’autre hôtel à insectes près des grandes serres, qui peut vous servir d’exemple. Mais vous n’allez pas dans le reste de l’exploitation. Avez-vous des questions ?
- On pourra utiliser des outils pour fabriquer l’hôtel à insectes ? demanda Cassandre.
- Oui, bien sûr, mais vous devrez nous demander l’autorisation pour chaque outil, et ne pas vous servir seul, pour des raisons de sécurité. De plus, vous devrez expliquer ce que vous comptez faire avec. Y a-t-il d’autres questions ? Non. Alors action !
Les enfants se levèrent pour se diriger vers la grande structure en bois en forme de maison destinée à servir de cadre à l’hôtel à insecte, ainsi qu’en direction des différents matériaux posés au sol et sur les tables aux alentours, pour tenter de reconnaître ceux qui correspondaient au document étudié sur le site de l’école.
- Malcom, que fais-tu avec cette perceuse sans fil ? On vous a pourtant expliqué que vous n’aurez le droit d’utiliser les outils qu’après nous les avoir demandés. Repose ça tout de suite, et vas chercher à quoi peut servir la perceuse pour fabriquer l’hôtel à insectes.
- Oui maître, répondit Malcom en reposant la perceuse, l’air fâché. Puis il revint cinq minutes plus tard.
- Je crois qu’elle peut servir à faire des petits trous dans des blocs de bois pour certains insectes, c’est ça ?
- Quels insectes, tu peux me dire leurs noms ?
- Non, je ne m’en rappelle plus.
- Alors retourne chercher leurs noms dans les documents, et quand tu pourras me donner une explication complète, tu pourras te servir de la perceuse.
- Oh, non…
- Et si ! Vous pouvez utiliser de vrais outils, comme la perceuse, mais pas pour vous amuser, uniquement pour faire quelque chose d’utile, et en respectant les règles de sécurité. Je t’expliquerai même comment changer les forets pour faire des trous de différents diamètres.
- Moi je sais, intervint Martin, qui rêvait lui aussi d’utiliser la perceuse.
- Ne le dis pas ! Laisse Malcom chercher un peu. S’il trouve, il s’occupera du premier bloc, et toi du deuxième.
- D’accord.
- Voilà, j’ai trouvé maître, c’est pour abriter certaines abeilles et guêpes solitaires.
- Cela veut dire quoi des abeilles ou des guêpes solitaires ?
- Je ne sais pas. Qu’elles vivent toutes seules ?
- Oui. Certaines abeilles ne vivent pas dans une ruche. Elles ne produisent pas de miel, elles utilisent directement le nectar et le pollen pour se nourrir et nourrir leurs larves, c’est pour cela qu’elles sont solitaires. Voilà comment il faut faire Malcom : tu vas poser le bloc de bois par terre et le caler avec ton pied. Je te montre comment mettre le foret en place, et tu vas faire des trous à la verticale dans le bois. Sans te percer le pied bien sûr…
- Ah ça, c’est pas sûr qu’il y arrive, maître, intervint Marlène.
- Occupe-toi donc de tes briques à remplir avec de la terre, au lieu de dire du mal des autres Marlène !
- Oups, désolée.
Le reste de l’après-midi se passa ainsi, les enfants allaient et venaient entre l’hôtel à insectes, les matériaux, les outils et la grange. Le jardin ressemblait à une véritable ruche remplie d’enfants qui s’afféraient en tous sens autour de la tâche à réaliser. Pour une fois, les humains travaillaient au service des insectes, et non l’inverse.
Puis tout le groupe retourna à l’école en fin d’après-midi, au pas de la jument. Le père de Mathis, qui était venu le chercher à la sortie de l’école, en profita pour dire quelques mots à son professeur.
- Bonjour Monsieur Clessin. Je suis désolé pour l’intervention de mes beaux-parents jeudi dernier. Je trouve pour ma part la dissertation de Mathis vraiment remarquable. À cause de mon travail près de Genève, il est souvent avec ses grands-parents. J’ai fait le choix de venir vivre près d’eux, à sa naissance, pour compenser un peu l’absence de sa maman.
- Je comprends.
- Et c’est aussi pour avoir du temps pour mon travail qui est très prenant, je dois dire. En tout cas, ils sont ravis de pouvoir parler de sa maman avec lui maintenant.
- Tant mieux, c’est une bonne chose. Bonne soirée à vous tous.
- Merci, bonne soirée à vous aussi.
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