- Bonjour, je suis Nicole Verbeek. J’ai rendez-vous avec Tom Kirby à 15h.

- Bonjour, et bienvenue dans nos locaux. Je vais le prévenir de votre arrivée, répondit l’hôtesse d’accueil assise derrière un comptoir noir, dans le hall d’entrée du siège de Big Data Intelligence.

Un immense hologramme de cerveau, constellé de zones lumineuses changeantes, flottait au milieu du hall sombre. Comme une conscience matérialisée suspendue dans le vide, au-dessus de la tête des visiteurs.

- C’est l’activité cérébrale de Tom Kirby en temps réel, expliqua l’hôtesse qui avait remarqué l’expression intriguée sur le visage de Nicole. On peut même voir quand le patron s’énerve.

- Ah oui… répondit-elle, les yeux toujours fixés sur l’apparition hypnotisante.

Quelques minutes plus tard, un homme arriva, l’air décontracté, vêtu d’un jean et d’un tee-shirt à manches courtes.

- Bonjour Nicole, je suis Allan Blanik, cofondateur de Big Data Intelligence, ravi de faire votre connaissance. Tom m’a demandé de vous accueillir, le temps qu’il termine une série de mesures.

- Bonjour. Je suis si importante que ça, pour avoir les honneurs des deux dirigeants d’une entreprise aussi prestigieuse ?

- Tom m’a beaucoup parlé de vous. Il est rare de dévoiler un projet aussi important, et en cours de développement, à quelqu’un de « l’extérieur ». Je voulais vous rencontrer, pour comprendre… Je dois aussi vous donner ces lunettes pour la visite, dit-il en lui présentant une paire de lunettes constituées de deux grands verres parfaitement transparents reliés par une monture blanche. Elles vous permettront de voir un hologramme de Tom qui se superposera à lui, c’est de la réalité augmentée. Vous pourrez aussi entendre sa voix dans le haut-parleur intégré. Mais je ne vous en dis pas plus, il vous expliquera lui-même.

- Je dois les mettre tout de suite ?

- Oui, il vaut mieux vous y habituer un peu à l’avance. Normalement elles ne modifient pas la vision.

- D’accord, dit-elle en les plaçant devant ses yeux. Elles sont plutôt confortables et légères.

Elle le suivit le long d’une série de couloirs bordés de pièces vitrées remplies de gens qui s’affairaient autour d’ordinateurs et de matériel électronique, le tout dans une ambiance décontractée. Ils arrivèrent enfin dans une immense salle qui lui fit immédiatement penser à un centre de contrôle pour fusée ou pour satellite. Plusieurs dizaines de personnes se trouvaient là, devant des ordinateurs, et une série d’écrans recouvrait le mur qui leur faisait face. Ceux-ci ne présentaient pas d’image de fusée, de planisphère terrestre, ou de trajectoire d’engin, mais des représentations de cerveaux ou parties de cerveaux immobiles ou bien en rotation, avec des séries de nombres défilant en cascades. Et sur l’un d’eux, une vidéo de Tom en train de sortir d’une sorte de scanner.

- Vous vous apprêtez à lancer un engin dans l’espace ? demanda-t-elle à son hôte.

- Mieux, nous préparons le lancement de Phénix. Une aventure technologique qui devrait avoir bien plus de conséquences pour l’humanité que les premiers pas de l’homme sur la Lune.

- Ah oui, rien que ça ! Au moins, vous savez rester modeste…