Je prends le départ.
La porte claque. Je ne vois plus grand-chose. Seul le petit point orangé sur l’interrupteur m’indique l’endroit au appuyer. La fraîcheur m’atteint. Ils laissent toujours les fenêtres ouvertes dans ce couloir.
Le vent s’engouffre, je l’entends siffler en glissant entre les battants des ouvertures. J’appuie sur la lumière orange. Les lampes s’allument. Illuminant le triste petit perron de trois portes menant aux escaliers.
Je sors mes clés de ma poche. Mon trousseau devrais-je dire. Il racle dans l’orifice de mon jean. Quel con ! Je sais que je pars, j’aurais besoin de mes clés tout de suite pour fermer. Mais non, comme d’habitude il a fallu que je dépose tous mes objets aux fonds de mes poches. Ce n’est pas un pantalon c’est un sac à main. Les clés sortent, me griffent. Fait chier. J’aurais pu y aller plus doucement. Mais je suis tout le temps pressé, car je me crois en retard. Je le suis peut-être ça dépend des jours. Je cherche la bonne clé. Voiture, voiture, boite aux lettres, celles du bureau.
Ah enfin. Foutue clé. Je l'insère dans le système et je tourne un tour. Le bon gros clac du loquet. Je baisse la poignée et je tire. Je sais c’est inutile, mais je fais toujours ça. Sinon mes deux chats vont se barrer. Ils ne louperaient jamais une occasion pareille, si j’oubliais.
Je m’avance et tire la porte des escaliers, elle est lourde, chiante et comme les fenêtres sont toujours ouvertes, ne bloque pas la chaleur. Par contre elle bloque toujours ce bon vieux gars chargé de course. Trêve de tergiversations. Je me jette en courant dans les escaliers, du premier au rez de chaussée. J’enjambe le vélo qu’un gamin de l’immeuble à laisser en plein milieu. Cela m’énerve mais c’est un HLM après tout, ces gosses ont bien le droit de vivre leur vie de gosse. Les petits pas juste avant la porte de dehors. Suspens ! Non il ne fait pas trop froid. Je ferme juste le zip de mon sweat. Je suis dehors, j’essaye de me rappeler où j’ai mis ma voiture. Ah elle est là c’est vrai. Ma petite 106.
Les clés glissent dans la fente et j’entre mécaniquement. Je pose mon sac à l’arrière. Juste derrière mon siège. Je pose mes fesses. Agrippe le volant. Et mets le contact. Deux toussotements et le moteur se lance. Toujours aussi vive ma vieille amie. Les phares et me voilà lancer à toute bringue.
Le volant colle, il fait humide, c’est normal. Suis-je attaché ? Oui ! Ai-je bien fermé la porte de l'appart' ? Je ne m’en rappelle déjà plus. Fait chier. Non, j’y retourne pas ! Je cherche dans ma mémoire. Si, j’ai dû le faire, je me suis emmerdé avec les clés. On s’en fout, de toute façon, je suis en retard.
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