10 ans de cauchemar
« - Vous savez, commença Alfred, beaucoup de choses ont changés ces 10 dernières années. Mais laissez moi vous offrir le repas avant de répondre à vos questions. »
Adrien et Lisa patientèrent alors et profitèrent du repas, frugal mais délicieux, préparé par la femme de leur hôte.
Une fois le repas terminé et la vaisselle faite, ils se réinstallèrent à table.
« - Comment commencer cette folle histoire, se demandant à voix haute Alfred. Avez-vous entendu parler de la Semaine Noire ?
Les deux jeunes acquiéssèrent donc le vieil homme reprit.
Après cette semaine d’horreur, le roi a mit en place la CPLSI pour empêcher de nouveaux accidents. Au départ, il été peu intrusif et nous faisait confiance. Mais les associations des victimes ont fait pression et il est devenu très présent dans les ateliers et nos processus créatifs. Beaucoup trop.
- Comment ça trop ? L’interrompit Adrien
- Quand une personne désire une prestation de notre part, le processus est très codifié depuis des centaines d’années. Le client vient en personne a l’atelier de son choix faire sa demande avec le délai maximal. Par exemple, une envie de nouvelle maison. Les personnes compétentes de l’atelier dans ce domaine, ici les architectes, se regroupent alors pour élaborer différentes propositions. Le client en choisit une et on se charge ensuite de réaliser la prestation promise.
- Cela m’a l’air plus normal, se dit Lisa en se grattant la tête
- Mais le Comité a décidé de chambouler tout ça. Chaque demande de client devait passé par eux. Et chaque proposition des ateliers devait également passé par eux. Et tout devait obtenir leur validation. S’il existait le moindre risque d’accident, même infime, tout était refusé immédiatement.
- Un refus pour chaque petit risque d’accident ? Mais les risques sont omniprésents dans nos métiers. Tout ou presque présente un risque, s’étonna Adrien
- Et une validation demandait énormément de temps. Les ateliers se sont donc retrouvés dos au mur avec seulement deux possibilités. Soit on faisait de la résistance et on continuait de proposer de nouveaux projets ambitieux et révolutionnaires, au risque de se faire refuser ses projets par le Comité, soit on faisait toujours la même chose, les mêmes projets avec les mêmes idées pour passer les « tests » de passage, expliqua le vieil homme
- Il n’y avait vraiment aucune autre possibilité ? S’interrogea Lisa
- A part mettre la clé sous la porte et se reconvertir dans un autre métier, ce que beaucoup finir par faire, il n’y avait pas d’autres choix. Ceux qui firent de la résistance se virent infliger des amendes de plus en plus élevées. Tout le monde finit donc par faire toujours la même chose. C’est pour cela que tous les bâtiments construits il y a moins de 10 ans sont identiques les uns aux autres. Tout le monde fait pareil. Et comme chaque projet met un temps fou à être accepter par la CPLSI, l’argent rentre moins qu’avant.
- Cela explique l’état de délabrement qui a gagné les sièges des ateliers, comprit Adrien
- Tout a tout compris. Et surtout, les caisses de solidarité se sont taries et on ne pouvait plus aider les familles des membres. Depuis près de 10 ans, on souffre énormément à cause de la CPLSI. Mais parlez moi un peu de vous deux. D’où venez-vous pour croire qu’on était encore au pays de la liberté de création ? "
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