Je suis dans le dirigeable. Depuis la grande fenêtre de la cabine de contrôle, le major Hansi, Onyankopon, Armin et moi pouvons observer le déroulement de la bataille. Il fait certes très sombre par cette nuit sans étoiles mais les phares qu'ont installés nos camarades sur les tours et les toits du camp de Revelio éclairent suffisament la ville pour qu'on puisse voir tout ce qui s'y déroule.

Eren, changé en titan, affronte le marteau d'armes et le mâchoire aidé de Mikasa et des autres tandis que le caporal-chef Livaï se charge du titan bestial. Leur combat est d'une violence sans merci !

La ville est ravagée ! La plupart des bâtiments sont en ruines et je n'imagine même pas le nombre de victimes colatérales ! Des cris de terreur déchirants nous parviennent ! Cela me fait vraiment mal au coeur de voir ma cité natale dans cet état ! Je suis soulagée de na pas avoir à participer à ce massacre !

En effet, quelques minutes plus tôt, avant que l'assaut ne soit lancé, j'avais fini la vérification de mon équipement et enfilait ma cape verte, affublée du symbole de notre bataillon, les ailes de la liberté, quand une voix m'a demandé :

- Qu'est-ce que tu fais ?

Je me suis retournée pour faire face à mon caporal, qui me fixait de ses yeux gris bleuté et lui ais répondu :

- C'est évident : Je me prépare pour la bataille.

- C'est inutile, tu resteras ici.

- Comment ? !

- J'ai dit que tu resteras ici.

- Mais enfin . . .

- Ne tergiverse pas, tu ne bougeras pas d'ici. Tu nous es beaucoup trop précieuse pour qu'on risque de te perdre. Il vaut mieux que tu restes dans le dirigeable, tu y seras plus en sécurité.

Il a ensuite tourné les talons et s'est éloigné, sans me laisser le temps de réagir. J'aurai voulu me battre pour protéger mon frère et mes amis mais en voyant l'horrible spectacle qui se déroule sous mes yeux, je lui suis extrêmement reconnaissante de m'en avoir empêchée !

Eren se déchaine toujours comme une furie sur ses adversaires. Livaï, lui, en a déjà fini : Le titan bestial vient de s'écrouler au sol. Il se sert ensuite d'une grenade pour extraire son détenteur vivant sans que l'ennemi ne s'en apperçoive, l'explosion de cette dernière permettant de masquer la scène à leurs yeux et le leur faire passer pour mort.

Je sors alors avec Armin de la cabine de contrôle pour accueillir mon supérieur. Ce dernier ne tarde pas à arriver, un homme sous le bras. Grâce à son équipement tridimensionnel, il monte sans aucune difficulté dans l'engin. Il traverse la pièce sans un mot et dépose son prisonnier sur le sol, contre le mur du fond.

Le captif a perdu ses membres lorsqu'il a été extrait de son corps de titan mais la fumée de la régénération apparait déjà autour de lui. À sa vue, les battements de mon coeur s'accélèrent et mon estomac se noue. Il lève la tête et nos regards, du même bleu clair, se croisent. Un sourire se dessine sur son visage pendant qu'il m'adresse ces mots :

- Bonsoir, Éléonore.

Je suis si tremblante que mes jambes me lâchent ! Je parviens à me rattrapper de justesse au mur qui se trouve derrière moi. Mon ami, inquiet, s'exclame :

- Éléonore !

Je lève une main pour arrêter son élan et le rassure :

- Ne t'en fais pas, Armin. Ça ira . . .

Vu les regards inquiets avec lesquels Livaï et lui me fixent, je ne pense pas que ma voix tremblante a été persuasive mais qu'importe . . .

Un torrent d'émotions s'empare de moi ! C'est un tourbillon d'amour, de tristesse, de nostalgie et de rancoeur ! Je prends énormément sur moi pour ne pas fondre en larmes !

Le moment que j'appréhendais tant vient d'arriver ! Pour la première fois depuis vingt-deux ans, je revois mon frère aîné Sieg !