Le sacrifice d'un grand frère

4 minutes de lecture

Aggripés au dos du titan mâchoire de Falco, le caporal Livaï, Gaby et moi, observons le combat qui se déroule sous nos yeux. La jeune brune demande :

- Que se passe-t-il ? ! Les titans nous aident ? !

En effet, alors que la situation semblait complètement désespérée et que nos amis étaient sur le point de succomber à l'assaut des centaines de titans convoqués par l'originel, d'autres sont apparus pour nous aider. Ils ont même ainsi pu récupérer Armin qui avait été enlevé par un titan okapi.

Je reconnais même parmi les titans venus en renfort les assaillants d'Eren Kruger et de mon père ! Ravie de les revoir, mais surtout de constater qu'ils nous prêtent main forte, je les pointe du doigt en m'exclamant avec un grand sourire :

- Regardez là-bas ! Ce sont les titans de monsieur Kruger et de papa !

Mon supérieur marmonne :

- On dirait . . .

Une voix qui nous est familière l'interrompt et attire notre attention :

- Heeey ! Heey ! Par ici !

Nous tournons la tête en direction du propriétaire de cette voix et constatons qu'il s'agit de Sieg !

Mes yeux bleus s'écarquillent lorsque je l'aperçois, émergeant de l'un des os de la colonne vertébrale du titan d'Eren. Gaby s'exclame, surprise :

- Quoi ? !

- Non . . . murmure Livaï.

Mon grand frère continue, en agitant son bras :

- Tu voulais me rencontrer, n'est-ce pas Livaï ? ! Moi aussi je veux te rencontrer !

- . . . Sieg, lâche mon supérieur.

Mon regard ne quitte pas mon aîné, qui se contente à présent de contempler l'horizon d'un air calme. Je sens cependant mon supérieur quitter le dos de Falco sans aucune hésitation pour s'élancer vers son adversaire à l'aide de son équipement tridimensionnel. Comprenant qu'il compte enfin accomplir sa vengeance, je tends le bras pour tenter de le retenir, mais il est bien plus rapide que moi : il atteint Sieg en un instant et lui tranche la tête d'un simple coup de sabre !

Je me fige, en même temps que l'armée de titans colossaux, horrifiée ! Mon grand frère vient d'être tué sous mes yeux par l'homme que j'aime, sans que je ne puisse rien faire pour empêcher cela ! Ce sentiment de douleur et d'impuissance me submerge à nouveau, faisant couler mes larmes.

Je suis des yeux la tête blonde qui commence sa chute vers le sol et il me semble que son dernier regard m'est destiné, accompagné d'un doux sourire qui se dessine lentement dans son ultime soupir.

Livaï revient se poser sur le dos du titan de Falco, tandis que ce dernier passe entre les os du titan originel pour récupérer tous nos camarades. En remarquant mes larmes, l'homme aux cheveux noirs pose sa main sur mon épaule :

- Désolé pour ton frangin. . .

Je plonge mon regard dans le sien. Je reconnais cette douleur. Celle qui fait se serrer mon coeur si fort que j'ai l'impression qu'elle va le broyer. Les pupilles de Livaï s'agitent. Ses sourcils s'affaissent. Il me serre contre lui en murmurant :

- Tu peux m'en vouloir. Tu en as parfaitement le droit. Je ne te le reprocherais pas, mais attends d'abord que tout soit fini. Nous ne pouvons pas nous diviser alors que l'Humanité a encore besoin de nous.

J'enfouis mon visage contre sa poitrine. Son acte me brise le coeur, mais je ne peux rien lui reprocher. Tuer Sieg lui permettait de faire d'une pierre deux coups en réalisant la promesse qu'il a faite au major Erwin et en arrêtant le grand terrassement. Je ne peux pas lui reprocher d'avoir sacrifié mon frère pour sauver le reste de l'Humanité. Seulement, j'aurais tant voulu. . . que les choses se déroulent autrement. . .

- Comment pourrais-je vous reprocher d'avoir tenu votre dernière parole envers le major Erwin ? répondé-je d'une voix tremblante en lui adressant un triste sourire. Comment pourrais-je vous reprocher d'avoir sauvé le monde ? Non. Je ne vous en veux pas et je ne lui en veux plus aussi, finis-je dans un murmure.

Toute la rancune que j'éprouvais encore envers Sieg pour sa trahison disparait. Je regrette de ne pas lui avoir pardonné plus tôt. Je me dis que si j'avais encore la chance de le revoir un jour, je lui accorderais mon pardon. Je lui dirais que je ne lui en veux plus du tout, que je le comprends et surtout à quel point je l'aime ! Mais je sais bien qu'il est trop tard. Tout ce qu'il me reste désormais, c'est le souvenir d'un grand frère bienveillant, malgré ses erreurs et le regret de ne pas les lui avoir pardonnées plus tôt.

Je ferme les yeux et les paroles du caporal-chef Livaï, prononcées quatre ans plus tôt, me reviennent en tête :

- La seule chose qu'il nous est permis de faire, c'est de ne pas regretter les choix que l'on a fait, répété-je en me redressant.

J'essuie mes larmes du revers de ma manche. Le caporal-chef Livaï m'adresse un mouvement de tête approbateur. Oui, les regrets ne servent à rien. Je dois me reprendre. Mes camarades et mes amis comptent encore sur moi. Je dois rester forte et continuer à me battre jusqu'au bout ! C'est le seul moyen que j'ai de sauver ceux qui sont encore vivants et d'honorer la mémoire des défunts. Sieg s'est sacrifié pour nous, pour moi, alors la moindre des choses que je puisse faire pour honorer son sacrifice est de lutter pour survivre et sauver mes amis et l'Humanité !

Je me sens soudainement revigorée, comme si une force nouvelle venait de naitre en moi.

- Merci, grand frère, murmuré-je. Tu t'es bien battu. À présent, repose en paix et laisse ta petite soeur prendre le relais.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Ystorienne Histoire ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0