Balzac chez Bernard Pivot
Balzac chez Bernard Pivot
Quel trésor ce serait de disposer d’un entretien de Balzac avec Bernard Pivot lors d’une émission d’apostrophe propulsée en 1840 ? Nous n'avons pas cette pépite, mais néanmoins, nous disposons de nombreux témoignages écrits, de lettres, de dessins, caricatures et peintures de Balzac à différents âges et aussi d’un des premiers daguerréotype. Cette photographie de Balzac prise en 1842, nous permet de nous faire une idée plus précise de sa physionomie.
Cette anthologie est une invitation à remonter le temps. J'ai rassemblé (au fil de mes lectures sur plusieurs années) un grand nombre de descriptions de Balzac faites par ses contemporains : amis, relations d’affaires ou simples compagnons de voyage. Tous ces portraits sont magnifiquement rédigés, parce qu’ils sont inspirés par un sujet hors du commun, mais aussi parce qu’ils sont écrits par des hommes et des femmes représentants l’élite littéraire et intellectuelle de l’époque. Ces textes sont extraits de correspondances, journaux intimes, biographies, articles de presses et mémoires.
Si l’on compare les diverses descriptions faites à différentes époques par des auteurs n’ayant pas forcément de liens entre eux, on constate que les mêmes termes et les mêmes expressions sont souvent employées. Ainsi, Théophile Gautier se souvient de sa première rencontre avec Balzac dont il dira qu’il avait « des yeux de souverain, de voyant, de dompteur…». Expression également utilisée par Césare Cantu en 1837 « …œil de dompteur de fauves…. » (Gautier ne publiera son texte qu’en 1859). Quant à l’éditeur de Balzac, Edmont Werdet il dit « Balzac m’aurait enlevé jusqu’à mon dernier écu lorsque son œil noir, brûlant, fascinateur, plein de fluide magnétique, se fixait sur moi ». L’ œil de dompteur n’est pas qualifié, mais il est décrit dans ses effets ! Les exemples de ce type abondent.
Balzac est un monde à lui seul, et comme il l’écrivait à la duchesse d’Abrantès : « Je renferme dans mes cinq pieds deux pouces toutes les incohérences, tous les contrastes possibles ». Sa personnalité est faite de contrastes étonnants que l’on retrouvera dans les descriptions.
Si du point de vue littéraire Balzac est un géant, il n'en est pas de même concernant sa taille.
Le certificat du secrétaire général de la préfecture de la Seine, porte comme unique indication du signalement de l’intéressé qu’il mesure : « Un mètre 655 millimètres ».(1)
Autoportrait
Commençons cette série par un autoportrait de Balzac à 26 ans.
Cette description que Balzac fait de lui-même sera utile pour apprécier les portraits qui vont suivre.
1825 - Lettre de Balzac adressée à la duchesse d’Abrantès
« Je puis vous assurer, madame, que, si j’ai une qualité, c’est je crois celle que vous me verrez le plus souvent refuser, celle que tous ceux qui croient me connaître me dénient, c’est l’énergie…
…Je vous dirai que vous ne pouvez rien conclure de moi, contre moi, que j’ai le caractère le plus singulier que je connaisse. Je m’étudie moi-même comme je pourrais le faire pour un autre. Je renferme dans mes cinq pieds deux pouces toutes les incohérences, tous les contrastes possibles, et ceux qui me croiront vain, prodigue, entêté, léger, sans suite dans les idées, fat, négligent, paresseux, inappliqué, sans réflexion, sans aucune constance, bavard, sans tact, mal-appris, impoli, quinteux, inégal d’humeur, auront tout autant raison que ceux qui pourraient dire que je suis économe, modeste, courageux, tenace, énergique, négligé, travailleur, constant, taciturne, plein de finesse, poli, toujours gai. Celui qui dira que je suis poltron n’aura pas plus tort que celui qui dira que je suis extrêmement brave, enfin savant ou ignorant, plein de talents ou inepte ; rien ne m’étonne plus de moi-même. Je finis par croire que je ne suis qu’un instrument dont les circonstances jouent.
Ce kaléidoscope-là vient-il de ce que le hasard jette dans l’âme de ceux qui prétendent vouloir peindre toutes les affections et le cœur humain, toutes ces affections mêmes afin qu’ils puissent par la force de leur imagination ressentir ce qu’ils peignent et l’observation ne serait-elle qu’une sorte de mémoire propre à aider cette mobile imagination ? Je commence à le croire. »
Balzac s'est également dépeint au travers de la description de certains de ses personnages par exemple Z. Marcas , Albert Savarus, David Séchard voir quelques extraits page 274 du « Balzac : le forçat des lettres » de Gérard Gengembre (édition Perrin 2013).
Balzac à 8 ans
Fiche d’inscription de Balzac au collège de Vendôme :
« Honoré Balzac, âgé de huit ans cinq mois [sic] a eu la petite vérole, sans infirmités ; caractère sanguin, s’échauffant facilement, sujet à quelques fièvres de chaleur. Entré au Pensionnat le 22 juin 1807. S’adresser à M. Balzac, son père, à Tours. »
Balzac à 20 ans.
Jules de Pétigny, châtelain de Clénor, près de Blois, qui fut membre libre de l’Académie des Inscriptions, nous a laissé de Balzac à vingt ans, un portrait piquant.
" Balzac avait dès lors une spécialité de laideur remarquable, malgré ses petits yeux étincelants d'esprit. Une taille grosse et courte,d'épais cheveux noirs en désordre,une figure osseuse,une grande bouche, des dents ébréchées et sa mise ne l'éloignait pas moins que sa figure de l'homme de bonne fortune ".
Henry Monnier et Balzac se rencontrent pour la première fois au café de la Minerve, en présence de Raisson et de Pierre-Joseph Rousseau.
« Je vis entrer, raconte Monnier, un homme jeune encore, mais d’un embonpoint déjà très apparent, l’œil vif, la figure ronde et souriante, les mains dans les poches, la démarche nonchalante, l’air d’un moine ou d’un paysan. » .
à suivre...
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