Chapitre 44 : reconnexion
Quand j’ai vu le nom de Matt s’afficher sur mon téléphone, mon cœur a bondi. Cela faisait des jours que nous ne nous étions pas parlé. J’avais cru que notre dernier échange avait brisé quelque chose entre nous, peut-être irrémédiablement. Mais il était là, sur mon écran, et sans réfléchir, j’ai décroché.
— "Salut, Cloé," a-t-il dit, sa voix douce mais légèrement hésitante.
Ce simple "salut" m’a fait plus d’effet que je ne l’aurais imaginé. Une chaleur familière s’est répandue en moi, mêlée d’une pointe de culpabilité.
— "Salut, Matt," ai-je répondu, presque en chuchotant.
Il y a eu un silence. Pas un de ces silences gênants, mais un silence lourd de tout ce que nous n’avions pas dit.
— "Ça te dirait qu’on se voie ce soir ? Rien de compliqué, juste… discuter."
J’ai hésité. Une part de moi voulait refuser, pour le protéger, pour garder mes ombres à distance. Mais une autre part, celle qui avait besoin de lui, qui l’aimait vraiment, m’a poussée à accepter.
On s’est retrouvés dans ce bar qu’on aimait bien. L’endroit n’avait pas changé : la lumière tamisée, la musique douce en fond, les conversations feutrées autour de nous. Mais entre nous, il y avait quelque chose de différent. Une tension, presque palpable, mais pas désagréable.
Matt était déjà là quand je suis arrivée. Il portait une chemise bleu clair, légèrement froissée, qui lui allait à merveille. Quand il m’a vue, il s’est levé avec ce sourire que j’aimais tant. Un sourire qui semblait vouloir effacer toutes les douleurs de ces dernières semaines.
— "Salut," a-t-il dit doucement en m’embrassant sur la joue.
— "Salut," ai-je répondu, un peu timide.
Nous avons commandé des verres et parlé de tout et de rien. Des banalités, des souvenirs, comme si nous essayions de retrouver un peu de cette légèreté que nous avions perdue. Mais malgré tout, je pouvais sentir qu’il y avait des choses qu’il voulait dire, des questions qu’il hésitait à poser.
À un moment, il a posé son verre et m’a regardée droit dans les yeux.
— "Cloé, je suis désolé pour la dernière fois. Je ne voulais pas être dur avec toi. Je voulais juste… comprendre."
Ses mots étaient sincères, et ça m’a brisé.
— "Non, c’est moi qui suis désolée," ai-je murmuré. "Je sais que je t’ai repoussé. Je sais que j’ai été distante. Mais je veux vraiment que ça marche entre nous, Matt. Je veux être là pour toi. Vraiment."
Il a tendu la main et l’a posée doucement sur la mienne.
— "C’est tout ce que je demande, Cloé. Juste que tu sois là. Je t’aime, tu sais."
J’ai senti les larmes monter, mais je les ai retenues. Je l’aime, moi aussi. Malgré tout, malgré mes secrets, malgré Hector.
Cette nuit-là, j’ai accepté son invitation à passer la nuit chez lui. Son appartement était toujours aussi accueillant, simple et chaleureux, à son image. Mais dès qu’il a fermé la porte derrière nous, quelque chose a changé.
Il s’est approché de moi, lentement, presque avec hésitation, et a pris mon visage entre ses mains. Ses lèvres ont trouvé les miennes, et tout ce que je ressentais – la culpabilité, la honte, l’amour – s’est transformé en un besoin irrésistible de me donner à lui, entièrement.
Cette fois, c’était différent.
Je l’ai guidé, sans hésiter. Mes gestes étaient assurés, presque instinctifs. J’ai exploré son corps avec une confiance que je ne me reconnaissais pas. Je l'ai déshabillé, laissant mes mains parcourir chaque centimètre de sa peau. Il me suivait, surpris mais docile, et je pouvais sentir qu’il adorait ça. Nos corps se sont pressés l'un contre l'autre, le désir montant en nous.
À un moment, il m’a doucement fait pivoter, jusqu’à ce que je sois à quatre pattes sur le tapis du salon. Ses mains glissèrent le long de mon dos, caressant ma peau avec une tendresse mêlée d’une envie qu’il ne cherchait pas à cacher.
Mais alors que je sentais ses lèvres se poser sur ma nuque, une image vive s’est imposée à moi.
Je n’étais plus dans l’appartement de Matt. J’étais dans cette chambre d’hôtel, les yeux bandés, soumise à cet inconnu qui me prenait avec une assurance écrasante. Je revoyais les mains qui me maintenaient, le poids de son corps.
Un frisson me parcourut, et je fermai les yeux pour chasser cette vision.
— "Ça va ?" demanda Matt, sa voix douce me ramenant à l’instant présent.
— "Oui," ai-je répondu, un peu trop vite.
Mais la chaleur de son corps contre le mien, sa façon de me toucher, tout cela contrastait si fortement avec les souvenirs qui tournaient dans ma tête.
Soudain, je pris son sexe et le guidai doucement vers mon anus, appuyant légèrement. J'ai senti Matt marquer un temps d'arrêt.
— "Cloé, tu es sûre ? Tu veux vraiment ça ?" demanda-t-il, une note de préoccupation dans la voix.
— "Oui, s'il te plaît," répondis-je, ma voix tremblante d'anticipation.
Il entra en moi avec une douceur infinie, respectant mon rythme. Mais rapidement, je poussai mes hanches en arrière, l'encourageant à aller plus fort, plus profond, forçant le rythme avec une intensité croissante.
Nous avons fait l’amour toute la nuit. Pas une fois, pas deux fois, mais encore et encore, jusqu’à ce que nos corps soient épuisés. Et à chaque instant, je me donnais à lui comme si c’était la dernière fois. Comme si j’essayais de réparer tous les moments où je l’avais repoussé, où je l’avais laissé dans l’ombre de ma vie secrète.
Mais une part de moi ne pouvait s’empêcher de penser à Hector. À ses défis. À ce qu’il me demande de faire, encore et encore, et à la manière dont ça m’a changée. Est-ce que Matt voit en moi cette part d’ombre ? Est-ce qu’il sent ce que je deviens, même s’il ne le dit pas ?
Quand nous nous sommes enfin endormis, mon corps était vidé, mais mon esprit était en ébullition.
Je l’aime. Je l’aime vraiment. Mais je ne peux m’empêcher de me demander : combien de temps avant qu’il découvre la vérité ?
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