La guerre contre les zombies avait commencé il y a trois ans. Plus de la moitié des soldats de l'armée était déjà morte, alors le général Konnedy avait décrété que chaque personne âgée d'entre 18 et 30 ans était obligée de se présenter pour un test d'aptitudes à dégommer les mort-vivants d'une balle dans la tête

Je m'appelle Julia Climbers, et je viens de fêter mes dix-huit ans dans l'immeuble en ruines qui me sert de maison. J'ai toutes les qualités requises pour rentrer au DPG (Défense de Pays en Guerre) : je n'ai pas peur de mourir (du moins, uniquement si ce n'est pas une agonie longue d'un mois); j'étais la meilleure tireuse de ma région, jusqu'à ce que tous mes concurrents se fassent massacrer, et j'ai une très facheuse tendance à me trouver dans une situation délicate (ici, seule encerclée par une vingtaine de zombies).

Je me suis présentée au QG du DPG dès le lendemain. Ce dernier était en plein centre de la capitale, bien visible, avec les lettres D, P et G à la vue de tous. Cela m'avait toujours étonné, que le général place sa base à un endroit aussi peu discret, jusqu'à ce que je comprenne : le problème avec les zombies, ce n'était pas leur intelligence ni leur stratégie, loin de là, mais leur nombre. Nos ennemis étaient tous complètement idiots, mais c'était compréhensible. Le virus qui les transformait en créatures dépourvues de la capacité de penser, aussi laids qu'une limace crevée (phrase elle aussi issue de Hunger Games, par Haymitch) mais mortels comme pas possible, attaquait leur cerveau en premier, d'après une étude. Malheureusement, les chercheurs qui en étaient à l'origine étaient tous morts avant d'avoir pu le confirmer.

Enfin, j'étais maintenant dans la salle de préparation, en compagnie d'une coach en uniforme qui m'expliquait tout ce que je devais faire.

Une fois son discours terminé, elle m'avait conduite devant la salle d'examen, puis m'avait saluée, d'une manière qui laissait penser qu'elle était persuadée de ne plus jamais me revoir. Une pensée parfaitement légitime, en soi. La plupart des candidats faisaient exprès de râter leur test pour être sûrs de pouvoir rentrer chez eux vivre avec leur mère, en vie et entier. Mais ce n'était pas mon cas. Ma mère ne m'attendait pas à la maison. Premièrement, je n'avais pas de maison. Deuxièmement, je n'avais pas de mère.

La porte s'ouvrit, et on me fit entrer. L'épreuve semblait assez simple. Une série de cibles à toucher et d'obstacles à éviter. Les juges étaient assis en hauteur, et me regardaient à peine. N'y prêtant pas attention, je commençai le parcours.

Quinze minutes plus tard, j'avais terminé. Un sans-fautes. Mais personne n'avait regardé.

Un homme, qui devait être le bras droit du général, chargé des recrutements, était assis au centre, et n'était même pas tourné dans ma direction. Il avait une pomme dans la main, et s'apprêtait à la manger. Il restait une balle dans mon chargeur. Je tendis le bras, visai, et la balle partit. Elle se planta en plein milieu de la pomme qui, sous la force du coup, était tombée. Tous les juges tournèrent la tête dans ma direction, bouche bée.

"Merci pour votre considération." (phrase elle aussi issue de Hunger Games, par Katniss) dis-je, avant de quitter la pièce, plutôt fière de moi.

La même femme que tout à l'heure m'attendait dehors. Elle ne cacha pas sa curiosité et son envie de connaître mes impressions.

"Alors, comment ça c'est passé?

- Plutôt bien. J'ai du tirer sur les juges, mais...

- Tu as fait quoi?!

- J'ai tiré sur les juges.

- Tu as tiré sur les juges?

- Ils ne m'écoutaient pas.

- Ils ne te prendront jamais."

Ils devaient vraiment manquer de soldats, car j'ai été acceptée.