Douce noyade
La première fois que j'ai croisé son regard.
Il ne cherchait pas le mien, et je ne cherchais pas le sien. Mais quand ceux-ci se croisaient, j'avais le sentiment d'avoir bu la tasse. Je me noyais littéralement, et mon seul moyen de revenir à la réalité pour mettre fin à mon apnée était de détourner le regard. Je faisais brusquement surface, mais l'épreuve était particulièrement déchirante et me laissait avec un frisson dans le dos le reste de la journée et une certaine frustration de n'avoir su prolonger cet échange. Il y avait un mystère saissisant, étrange autour de lui, qui me ramenait à ses œuvres fantastiques que j'avais pu lire adolescente et dont j'aimais l'atmosphère, ombre et lumière. Il inondait ma tête et toutes mes pensées, me plongeant le souffle coupé dans une bulle enivrante, qui me faisait perdre toute notion du temps. J'avais envie de savoir qui il était, mais je n'étais pas pressée de trouver des réponses à cette enigme, de peur qu'un matin en croisant son regard cette sensation de douce noyade puisse s'être evanouie.
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