Des enfants, il en avait voulu avec Ambre.

Ambre, il en était fou ! Ses amis ne comprenaient pas cet engouement, ils la trouvaient, pour la plupart, fausse, roublarde, pas digne de confiance. Il avait fini par le comprendre durant le printemps de l’année passée.

C’était la fin de l’hiver, pour la énième fois, il lui avait parlé de son désir d’enfant, de son désir de créer une famille avec elle. Il avait attendu sa réponse, elle lui avait susurré, comme à son habitude,

— Mais Louis, ce n’est pas faute d’essayer, mais apparemment Dame Nature refuse de nous faire ce cadeau.

Froidement, il lui avait rétorqué :

— Mais Ambre, il me semble que tu ne l’aides pas non plus énormément, Dame Nature, non ?

— Que veux-tu dire Louis ?

— Je veux dire que j’aimerais savoir depuis quand tu reprends la pilule contraceptive ? Tu sais, celle dont j’ai trouvé plusieurs emballages au fond de la poubelle.

Irritée, comme si elle venait d’être piquée par une bestiole, elle lui avait répondu, moqueuse,

— Tu fouilles les poubelles maintenant ?

— Ben oui, quand je les descends et que certaines craquent et font apparaître les emballages bien cachés dans le fond. Depuis combien de temps me mens-tu ? Depuis quand me fais-tu croire que tu as aussi envie de faire un enfant avec moi ? Pourquoi ne pas avoir parlé du fait que tu n’en as pas envie ? On se parle, non ? C’est ça aussi être un couple, non ? Explique-moi, Ambre !

D’une manière particulièrement abrupte, Ambre lui avait répondu, tout en se levant

— De toute façon, t’es qu’un con, y a que ça pour toi dans la vie, « créer une famille » et gnagnagna, tu comprends que dalle à la vie et je n’ai pas envie de t’expliquer ! Tu me gaves.

Interloqué, Louis lui avait lâché,

— Mais pourquoi me parles-tu comme cela ? Tu n’es pas heureuse avec moi ?

Avec un sourire carnassier, elle lui avait rétorqué :

— Ah, « heureuse », mais mon petit Louis, tu vis dans un conte de fées, tout le monde n’est pas joli et gentil comme tu le voudrais ! J’en ai ras le bol de jouer à la gentille, ras le bol d’entendre parler de mouflets, je n’ai pas envie de déformer mon corps pour accoucher d’un machin qui hurle jour et nuit et qui ne fera que baver. Je ne vois vraiment pas ce que tu trouves de « mignon » là-dedans ! Dix-huit mois qu’on est ensemble, pff heureusement que je me suis octroyé quelques pauses, sinon je n’aurais pas tenu le coup ! Et toi, benêt, t’as jamais rien vu… Ou rien voulu voir ! Je t’ai même trompé avec Damien, ton grand copain. Il n’était pas fameux, mais rien qu’à l’idée de te faire porter des cornes au pays des Bisounours, j’ai pris mon pied ! J’ai tenté avec d’autres de tes « amis », le seul qui ait refusé, c’est Éric… Qui reste bien fidèle à sa connasse de Sarah… Elle fait peut-être bien les turluttes, mais je suis sûre d’être meilleure qu’elle, à ce jeu-là. C’est bête, il aurait pu comparer !

Elle était ensuite passée dans la salle de bains en éclatant de rire.

Abasourdi, Louis n’avait pas été capable de bouger, partagé entre une envie de l’étrangler et celle de hurler sa colère… Mais rien n’était sorti.

Le masque était tombé, il comprenait mieux les allusions de certains, les rires d’autres. Dans sa bulle, son couple était parfait, ils s’entendaient très bien, elle lui disait constamment qu’elle désirait des enfants de lui… Et ses amis, dont Éric, mais aussi Damien, qui lui disaient de se méfier… Et dire qu’à l’époque, il pensait que ses deux copains étaient jaloux de son bonheur… Qu’il avait pu être naïf !

Pourtant, à l’époque où Ambre et lui s’étaient rencontrés, il lui semblait que la vie lui souriait, qu’enfin, il allait être heureux et réaliser son rêve, être père.