C’est plein d’énergie positive que Louis se rendit à la clinique pour le résultat ADN. Il connaissait le chemin et il alla directement toquer à la porte de Mme Rosenoir.

Elle répondit rapidement, le pédiatre était déjà présent. Louis songea,

Ça ira vite, je pourrais réclamer une copie de l’acte notarial que j’ai soi-disant signé, comme me l’a demandé Sarah, et je le ferais démonter par un avocat.

Après les poignées de mains polies des deux professionnels, il s’assit devant le bureau et attendit. Mme Rosenoir prit la parole :

— Bonjour M. Leblanc, heureuse de vous revoir, nous allons avec vous, découvrir les résultats du test que vous avez demandez.

Le pédiatre, un homme déjà âgé, les cheveux aussi blancs que sa blouse, très neutre et sans expression, ouvrit l’enveloppe contenant les résultats, pris la feuille en main, lut et annonça :

— Eh bien, Monsieur Leblanc, ce test confirme qu’il y a 99,99% de chance que vous soyez effectivement le père génétique de la petite Madeleine. Nous pouvons donc officiellement vous féliciter.

Toujours aussi neutre, il remit le courrier dans l’enveloppe et la tendit à Louis,

— Nous avons une copie dans le dossier de Madeleine.

Se retournant vers Mme Rosenoir, il lui annonça ;

— Eh bien voilà, je vais vous laisser maintenant.

Puis, en se retournant vers Louis,

— Je serais encore dans l’unité où est Madeleine jusqu’à 19h si vous désirez plus d’informations sur votre fille.

Avec un sourire plaqué, le pédiatre se leva et quitta la pièce.

Le monde de Louis s’écroula… Lorsque l’assistante sociale lui indiqua qu’il allait dès à présent pouvoir emmener sa fille chez lui, il était dans un était de stupeur complète. Il se voyait lui répondre docilement et la suivre sans avoir la moindre possibilité de réagir autrement. Malgré son état, il avait bien demandé à avoir une copie de tout ce que contenait le dossier de Madeleine. En ce compris la lettre de reconnaissance de paternité.

Il se réveilla de sa torpeur une fois dans l’ascenseur, secoué par un frisson qui le ramena à l’instant présent. Il allait devoir assumer cet enfant. Chargé de ces copies, il arriva, juste derrière Mme Rosenoir, dans l’unité où était hébergée Madeleine depuis deux jours.

Il savait que tout serait prêt, Mme Rosenoir avait téléphoné devant lui, afin que tout soit préparé et empaqueté lorsque Louis arriverait dans l’unité… De fait, une valisette d’échantillon de la maternité avait été recyclée pour faire office de valise pour Madeleine. Et l’enfant était déjà couchée dans un couffin laissé par des parents n’en ayant plus besoin.

Les sages-femmes avaient rajouté quelques vêtements de corps de leur stock prévu pour les parents les plus nécessiteux, ainsi que des échantillons de lait maternisé et deux biberons assortis « pour tenir quelques jours ».

Une enveloppe à son nom contenait le dossier de Madeleine, l’acte de naissance, son carnet de santé, le calendrier des vaccins à faire dans les prochains mois, etc.

Oui, tout était prêt pour qu’il embarque sa fille et quitte l’endroit. Ce qu’il fit.