Chapitre 31. L’objet de la visite
Dans l’appartement de Louis, les deux couples avaient fait connaissance et s’étaient installés dans le salon en discutant à bâtons rompus. Même le fait d’être encore en robe de chambre ne gêna plus Rachel.
À un moment, elle se redressa et dit :
— Oh, je crois que Maddy s’est réveillée.
En s’adressant à Louis, elle proposa ;
— Je vais la chercher, voir s’il faut la changer pendant que tu prépares le biberon ?
— Ok ça marche.
Tous deux se levèrent et se dirigèrent vers, pour l’un la cuisine et pour l’autre, la chambre et la salle de bain.
Éric et Sarah se regardèrent et éclatèrent de rire,
— Waouh, c’est bien rodé !
En souriant à sa compagne Éric ajouta,
— Oh ça oui ! J’ai un bon pressentiment pour cette fille, elle m’a l’air vraiment bien, tu ne trouves pas ?
— Oui, de l’extérieur ils donnent l’impression d’être un couple de parents comme les autres… Et le fait que Louis ai cet enfant ne semble aucunement la perturber.
En lui adressant un clin d’œil, il lui proposa,
— Dis, je vais « aider Louis » en cuisine… Je tenterais bien de le cuisiner un peu sur comment ça se passe.
— Ok, si elle revient ici, je la cuisine aussi… Entre filles.
Alors qu’Éric rejoignit Louis en cuisine, Rachel réapparu, sortant de la salle de bain où elle avait changé Maddy. Voyant que les deux hommes observaient le mouvement du biberon dans le four micro-onde, elle rejoignit Sarah dans le salon, avec Madeleine dans les bras. En s’installant dans le fauteuil, elle fit les présentations,
— Maddy, voici Sarah qui est venue nous rendre visite.
— Bonjour Madeleine ! Et pour toi, ça va avec elle ? Ça ne te dérange pas trop de te retrouver dans une nouvelle relation avec un bébé qui vient de nulle part ?
Devant cette question aussi directe, Rachel réfléchit quelques secondes puis avoua,
— Ecoute, je sais que la situation est on ne peut plus particulière avec Madeleine qui lui est tombée dessus du jour au lendemain, mais moi je m’y fais, j’ai toujours voulu des enfants, là, il y en a une toute faite… Et avec qui le courant passe bien alors…
Effectivement, Sarah ne put que constater que la petite fille était excessivement à l’aise dans les bras de Rachel qu’elle regardait en faisant des sourires alors que Rachel la berçait.
— En tout cas, ça se voit que tu es à l’aise avec elle, ça me rassure je dois dire…
Sarah suspendit sa phrase, Rachel la reprit, avec un petit froncement de sourcils, pensant savoir vers où Sarah voulait l’emmener …
— Ça te rassure par rapport à quoi ?
— Désolée, je ne voulais pas dire ça comme ça, mais tu sembles réellement aimer les enfants, ça se voit…
Rachel soupira et proposa,
— Pas comme Ambre, c’est ça ?
— Oui, c’est ça, excuse-moi si je t’ai heurté en te comparant à elle, apparemment, tu la connais, non ?
— Après Capucine, je commence à avoir l’habitude d’être comparée à Ambre.
Elle soupira et fit des gros yeux à Madeleine tout en dodelinant de la tête, ce que la petite apprécia, puis reprit,
— Oui, je connais Ambre de vue, je la croise régulièrement à l’hôpital… Et comme je l’ai déjà expliqué à Louis, je l’ai vu « sauter sur tout ce qui bouge » alors qu’ils étaient encore ensemble.
Elle se tourna vers Sarah et lui dit en la regardant en face,
— Alors tu comprends que je puisse ne pas apprécier d’être comparée à elle par tous ses amis ou sa famille.
— Je comprends tout à fait et je pense que pour ma part, ce sera la première et dernière comparaison… Vous n’avez rien en commun, c’est clair !
Elles se rapprochèrent pour papoter avec Madeleine qui en redemanda. Pendant ce temps, en cuisine Éric discuta avec Louis,
— Alors mon gars, elle est comment ?
Louis éclata de rire, voyant son ami « arriver avec ses gros sabots ».
— A quel niveau ?
— A tous les niveaux ! Dis-moi, avec ta fille, ça va ?
— Elle est géniale avec Madeleine !
Il fit une petite pause puis reprit,
— Franchement, j’aurais aimé que ce soit elle la vraie mère de Madeleine. J’espère qu’un jour elle deviendra la mère légale de ma fille.
Interloqué par sa réponse, Éric s’alarma,
— Ah whé ! Euh, tu ne vas pas un peu vite en besogne là ? Tu ne la connais que depuis un mois !
Amusé par sa réaction, Louis le tranquillisa,
— Oui, je sais, je vais trop vite… Rassure-toi, je ne lui ai pas encore demandé sa main.
Ils regardèrent tous les deux le biberon qui chauffait dans le four micro-onde. Éric reprit, avec un sourire en coin,
— Et les autres niveaux, ça va ?
— Censuré !
Louis dévoila un grand sourire, comme Éric trépigna devant lui, il finit par céder ;
— Eh bien, c’est autre chose qu’avec Ambre… En fait, quand j’y pense, si je devais expliquer les choses, je pourrais te sembler caricatural, mais avec Rachel je fais l’amour, avec Ambre, je m’en suis rendu compte, grâce à ce que je vis avec Rachel, comment dire… J’ai baisé avec une technicienne de film porno.
Soufflé, Éric lui renvoya,
— Eh bien… C’est clair comme comparaison !
Voyant un peu de perplexité sur le visage de son ami, il poursuivit ;
— Avec Ambre, c’était à chaque fois très technique, très sportif… Avec Rachel, c’est intense, c’est sensible, c’est bon… Et c’est réciproque. Avec elle, il n’y a aucun problème à rester enlacé dans le canapé, à ce qu’on se touche quand on se balade en rue… Tu vois avec elle j’ai vraiment l’impression qu’on « est » ensemble.
Pragmatique, Éric plaça,
— Oui, mais ça ne fait qu’un mois, tout est encore tout rose… à quand votre première dispute ?
Louis pouffa,
— Ça, t’inquiète, on en a déjà eu un échantillon… En fait, comme on vous le disait à votre arrivée, on n’était pas du tout en bons termes au début des vacances, j’avais même un peu peur de devoir passer ces vacances avec elle quand je l’ai vue à l’aéroport ! J’ai eu un gros stress et je me suis vraiment demandé ce qui avait traversé la tête de Sophie en invitant une personne avec qui le courant ne semblait vraiment pas passer. J’étais vraiment mal à l’aise tu sais …
À ce souvenir, Louis souffla en haussant les sourcils,
— L’image qu’elle avait de moi n’était pas des plus belles et nous étions tous les deux sur la défensive. Mais après quelques bonnes discussions, on est tombé d’accord pour se dire si l’un heurtait l’autre… Et puis on est tombé dans les bras l’un de l’autre. À ce sujet, je remercie les cocktails corsés de l’hôtel !
Le biberon prêt, tous deux se dirigèrent alors vers le salon où les filles se trouvaient.
— Alors, comment vont mes trésors ? Tu veux le lui donner ou je te la reprends des bras ?
— Oh et bien, je t’en prie, nourrit là !
Elle lui tendit sa fille.
— Tiens, Maddy, va dans les bras de ton père, ma chérie.
Louis s’installa à côté d’elle dans le canapé et nourrit sa fille. Alors que tout le monde était serein, Éric se décida à parler de ce qui le tracassait,
— Je vais peut-être jeter un pavé dans la mare, Louis, mais, où en es-tu avec la génitrice ?
Un blanc suivit la question. Finalement Louis répondit ;
— Nulle part Éric, nulle part, je n’ai rien appris de plus sur cette femme. Et je dois dire que ces dernières semaines je ne m’en suis pas inquiété.
Rachel passa un bras dans son dos et lui gratta la nuque puis intervint ;
— Tu sais, tu ne pourras pas jouer à l’autruche face à ce problème, un jour, ta fille te demandera qui est sa mère biologique, à quoi elle ressemble, de quoi elle a hérité et encore d’autres questions.
Elle lui caressa les cheveux. Il la regarda, son regard mêla peur et espoir ; peur de ce qu’il pourrait découvrir, espoir qu’elle reste près de lui lorsqu’il apprendrait ce qui lui faisait peur. Il lâcha,
— Je veux que toi tu sois sa mère, l’autre je m’en fous.
Rachel posa sa tête contre celle de Louis
— Je sais Louis, mais même si toi tu t’en fous, ou si tu as peur d’apprendre ce qu’il s’est passé pour que Madeleine vienne au monde, fait le au moins pour elle, elle n’a rien demandé cette petite et elle a le droit de savoir d’où elle vient, tu ne trouves pas ?
Louis regarda sa fille, qui le regardait aussi, elle avait terminé son repas et appréciait d’être sur les genoux de son père. Il la serra dans ses bras, très fort, elle réagit en gémissant et en lui souriant lorsqu’il la relâcha.
— Oui, c’est vrai, je sais, je fais l’autruche !
Il frotta son nez contre le nez de Madeleine, puis il releva la tête,
— Et quoi donc, Éric, tu as appris quelque chose sur elle entre temps ?
Sarah et Éric étaient restés silencieux devant la réaction de Louis et positivement surprit par l’attitude de Rachel face à cette affaire.
— Tout ce que j’ai pu apprendre sur Églantine Dupont, c’est qu’elle est « connue » dans le secteur officieux des mères porteuses en France, apparemment, elle loue son ventre aux couples homosexuels, mais pas uniquement, et elle accouche sous X en France, elle a apparemment déjà accouché deux autres fois en Belgique. La deuxième fois, c’était de Madeleine. La première fois, il y avait aussi eu reconnaissance de paternité avant l’accouchement, comme dans ton cas Louis.
Interpellée, Rachel intervint,
— Mais, elle en a eu combien, d’enfants ? Et puis, « qui a payé ? », j’imagine qu’elle ne fait pas cela pour rien, cela semble lui réussir si elle remet le couvert si souvent et qu’elle est « connue » voire « recherchée » pour son ventre. Et puis, c’est son ovule ou celle d’une autre qui est utilisée ?
Sarah renchérit,
— Toutes ces questions sont pertinentes et demandent une réponse, t’en pense quoi Louis ?
Louis regarda sa fille, scrutant les détails de son visage puis répondit,
— Je me demande effectivement qui a payé cette femme pour porter Madeleine et si cette personne a aussi fourni l’ovule.
Il fit une pause, puis écarquilla les yeux en leur balançant,
— Vous imaginez si en plus nous devons chercher de qui vient l’ovule ? Limite je préfèrerais peut-être que ce soit la sienne, elle pourra donner plus d’info sur ses origines et son héritage génétique.
Tous acquiescèrent, si l’ovule ne provenait pas d’Églantine Dupont, cela compliquerait encore l’affaire. Sarah proposa,
— Bon, je m’occupe de retrouver ce notaire pensionné et je vous donne les infos dès que je les obtiens, ça vous va ?
Louis marqua son accord avec la proposition de son amie et Rachel la remercia pour son aide.
— Bon, eh bien je pense que Sarah et moi allons vous laisser un peu en paix, on vous donne les nouvelles dès qu’elles arrivent.
Tous se levèrent et Louis se dirigeât vers la porte de son appartement qu’il ouvrit pour laisser partir ses amis. A l’heure des aurevoirs, Sara et Éric exprimèrent la joie qu’ils éprouvaient d’avoir fait la rencontre de Rachel.
— En tous les cas, Rachel, je suis très heureuse de t’avoir rencontré et heureuse de voir que tu sembles épanouie auprès de Louis.
Puis, en se tournant pour prendre congé de son ami, Sarah précisa avec humour,
— Louis, t’as intérêt à la garder celle-là !
— Moi aussi, je suis content d’avoir fait ta connaissance Rachel, j’espère que tout se passera bien pour vous deux et votre couple.
— Merci, moi aussi j’ai apprécié de vous rencontrer et je pense que Louis est bien entouré, au vu des amis que j’ai déjà pu rencontrer et j’en suis heureuse.
Après avoir refermé la porte d’entrée, Rachel pris Louis et Madeleine dans ses bras, Louis l’enlaça aussi avec son bras libre et ils avancèrent pour retrouver le canapé.
— Ils ont l’air d’être vraiment bien sympa ces deux-là.
— Oui, je peux vraiment compter sur eux, ils sont dignes de confiance et toujours prêt à aider.
Louis rapprocha le parc de Madeleine et l’y installa, puis se réinstalla aux cotés de Rachel dans le divan.
— Tu sais, la tantôt, quand je disais que je voudrais que ce soit toi la mère de Madeleine, j’étais sérieux.
— Je sais Louis, et tu sais bien que je l’aimerais aussi, mais c’est peut-être un peu tôt pour légaliser tout cela, non ? Enfin, moi, je trouve que c’est trop rapide, on n’a pas encore vraiment « vécu » ensemble, tu sais au quotidien, quand nous ne ferons plus attention à être au top, quand je me gratterais le bide tout en baillant, avec une tignasse mal coiffée.
— Et que je me curerai le nez avant de prendre le petit déjeuner, ou que je me gratterais l’entrejambe en attendant les tartines grillées, c’est ça ?
— Oui, c’est ça, exactement !
— Je rêve de te voir mal coiffée, te grattant le bide tout en baillant avant de manger les toasts que je t’aurais beurré avec la main qui aura gratté mon anatomie.
Elle éclata de rire et l’attira sur elle.
— Oh oui, moi aussi !
Avec un sourire en coin, il susurra,
— Zut, Madeleine nous regarde…
— Mince, ça ne va pas… et si nous débarrassions la table du salon des tasses que nous avons utilisées, nous pourrions faire un tour dans la cuisine sans éveiller le moindre soupçon chez Madeleine, t’en dis quoi ?
— Mais quelle bonne idée, débarrassons la table basse !
Ils s’encoururent en rigolant vers la cuisine, de là, ils entendraient si Madeleine pleurait, et ils s’embrassèrent longuement avant de se servir du plan de travail comme point d’appui pour leurs échanges sensuels.
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