Mes paupières se soulèvent lourdement. Je n'ai jamais eu autant de mal à ouvrir les yeux. Une fois voyant, la lumière m'aveugle. Je sens la température monter autour de moi. Je tourne la tête. Mon écran holographique me montre un message préenregistré. Une jeune femme donne des explications que je devrais écouter.

" Bon retour parmi nous, chers colons ! Après treize ans de voyage, votre navette approche de la planète-cible, Kanthia-6-22. Durant les deux prochains jours, dédiés à l'atterrissage, vous devrez exercer les manoeuvres apprises lors de votre formation. Je suis bien consciente que ces souvenirs vous sont lointains, c'est pourquoi les écrans disposés dans la navette afficheront en continu les gestes à effectuer. Une fois l'atterrissage réussi, un nouveau message vous sera attribué. Bonne chance, chers colons."

Le message teminé, je me détache et sors de ma capsule cryogénique. Mon corps est encore engourdi par le froid. Dans la salle des capsules, j'aperçois tous mes collègues sortir, comme moi, de leur long sommeil. Dans l'apesanteur de l'espace, les mains se serrent, des rires retentissent. Nous sommes arrivés sains et saufs. Après quelques minutes de retrouvailles, il est temps de se remettre au travail. Nous changeons nos combinaisons de sommeil pour celles de travail qui nous attendent dans nos capsules respectives. Mon meilleur ami active le grand levier. La lourde porte du hangar où nous dormions s'ouvre. Nous avons un sas à passer, par groupes de 10. Nous sommes 40 à avoir fait le voyage. Je fais parte du premier groupe. Nous lévitons jusqu'au sas, puis nous tenons aux barres métalliques. Ce sas nous fait passer de l'apesanteur à la gravité artificielle des autres salles du vaisseau. Les portes se referment. Petit à petit, je sens mon corps s'alourdir. Mes pieds se posent sur le sol métallique. Je peine à tenir debout. Une voix féminine retentit : " vous avez 10 minutes à votre disposition pour vous réhabituer à la gravité. Passé ce délai, vous serez intégrés à la partie 2 du vaisseau. Votre travail commencera alors."

Pendant ces dix minutes, nous réapprenons la marche, ainsi qu'à utliser nos membres si lourds. Puis, la seconde porte s'ouvre. La salle principale s'offre à nous. Marchant de nouveau, nous nous aventurons dans la salle, consultant les écrans holographiques affichant la procédure d'aterrissage. Chacun se met en place, une mission bien précise en tête. Nous avons tous individuellement une tâche à accomplir, en fonction de notre statut, associé à notre spécialité. Je suis directeur de la navigation. Je me dirige tout de suite vers la salle de contrôle, où m'attend ma mission personnelle. Arrivé, je m'assois sur le grand fauteuil. Des câbles neurrologiques se collent à mes tempes et à mon crâne, reliant ma pensée à la navette entière. Une fois en place, j'enclenche la fonctionnalité d'atterrissage. La navette entière se plie à ma volonté en activant les boucliers, repliant les panneaux solaires et les ailes, désactivant les réacteurd de première classe pour activer ceux de seconde classe, qui permettront de réduire progressivement notre vitesse ahurissante.

Quelques minutes plus tard, mon assistant me rejoint. Le troisième groupe vient de passer le sas. Ensemble, nous activons les derniers paramètres que nécessite l'atterrissage. Une fois tout en place, je déconnecte mon esprit et sors de mon fauteuil. Demain, je devrai piloter manuellement la navette afin de nous promettre une arrivée en sécurité sur la planète-cible.

Mon assistant s'attarde dans la salle pour surveiller l'activité thermique des boucliers ainsi que la désactivation progressive des réacteurs premiers.

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 Dans une heure, je passe en pilotage manuel. Mais avant, puisque le vaisseau est prêt, nous, les quarante colons, nous accordons un réconfort bien mérité. Côtes à côtes, nous nous rendons dans la grande coupole, cette salle afectionnée de tous. Et de cet endroit magique, nous observons de plus près notre nouvelle maison. La planète Kantia-6-22.