Chapitre 14 : Famille

3 minutes de lecture

Il eût été incapable de dire depuis combien de temps il était assis là, sur cette chaise, prisonnier de ces chaînes indestructibles, lorsqu’un saut d’eau fut vidé sur sa tête, pour le faire sortir de sa torpeur. Devant lui, un halo de lumière éblouissant, une table, dans la pénombre, et, dans le contre-jour, une voix.

— Bienvenu parmi les vivants, mon ami.

— Espèce de salaud, où est mon fils ? s’énerva Luc.

— Allons, allons, restaurez votre calme, très cher. Je suis persuadé que ce petit ne vous reconnaîtrait pas, à parler de cette façon.

— Qu’est-ce que tu as fait de lui, enfoiré ?

— J’ai une surprise, pour vous, mais apparemment, pas celle que vous attendez…

— Rien à foutre de tes surprises ! Je veux que tu me dises où est mon fils !

— Oh ! Ne dites pas ça ! Après tout le mal que je me suis donné… Cela dit, je crois qu’elle a une dent contre vous… Qu’est-ce que vous lui avez donc fait ?

— De quoi tu parles, connard ?

— Vous allez voir, elle a l’air remontée contre vous…

— Mais de qui tu parles, bordel ?

— Il faut que je vous dise… J’ai découvert, il y a quelques années, un produit incroyable. D’ailleurs, je n’y croyais pas moi-même avant de le voir à l’œuvre… Dans la rue, ils appellent ça l’inhibiteur-désinhibiteur. Il a la particularité d’anéantir temporairement le libre arbitre du consommateur, et d’accroître son agressivité. C’est une drogue qui peut être soit inhalée, soit ingérée. Elle a toujours la même efficacité, c’est incroyable.

— Ça va, j’ai déjà entendu cette histoire, espèce de tordu. Tu vas me dire où est mon fils ?

— Bon, ne vous mettez pas la ratte au cours-bouillon, je vais aller vous le chercher, d’accord ?

Sur ces mots, le glabre geôlier libéra son prisonnier de ses chaînes et le laissa à son désespoir, immobilisé sur cette chaise inconfortable par l’épuisement consécutif aux nombreux coups qu’il avait pu recevoir depuis son arrivée.

-----

— Maman !

Les yeux du garçonnet brillaient de joie. L’attente n’avait que trop duré, et l’enfant se précipita dans les bras de sa mère, impatiente de le voir, de mettre fin à l’angoisse qu’elle venait de vivre deux heures durant.

— Mon chéri ! J’étais tellement inquiète ! Dis-moi ce qui s’est passé.

Le bambin expliqua à sa maman qu’un monsieur était venu le chercher à la place de son papa et lui avait proposé des bonbons. Mais la gentille dame était arrivée très vite et s’était bagarrée avec le monsieur, et avait empêché le monsieur de l’emmener dans sa voiture. La gentille dame l’avait ensuite emmené jusqu’ici, il ne savait pas très bien où, et lui avait promis que son papa viendrait enfin le retrouver. Elle lui avait aussi expliqué que le monsieur avec les bonbons était un vilain monsieur qui donnait des bonbons aux enfants pour leur faire du mal et qu’elle l’avait sauvé.

— Je ne sais pas comment vous remercier, vraiment. Je ne comprends pas. Mon mari devait aller le chercher au centre aéré, je ne comprends pas ce qui s’est passé… J’ai eu tellement peur, quand vous m’avez appelée, continua-t-elle, serrant son fils chéri contre elle, comme pour ne plus le laisser s’éloigner.

— Ne vous inquiétez plus, dit Ilona d’une voix rassurante. Je connais ce genre de type, j’ai fait beaucoup de recherches sur eux. Je les reconnais au premier coup d’œil.

Ilona apporta au petit garçon un nouveau bol de chocolat au lait, et un jus de fruit pour sa maman, qui voulait recouvrer son calme, faire baisser son taux d’adrénaline. Tout était bien qui finissait bien.

— Maman, demanda le bambin entre deux gorgées de son nectar, il est où, papa ? Pourquoi il est pas venu me chercher ?

La question hantait maintenant l’esprit de la mère, contrariée par cet événement malencontreux qui eût pu se terminer beaucoup plus dramatiquement.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire FredH ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0