Chapitre 1
Debout sur l'estrade, face à tous ces visages fermés et consommés qui constitue mon public, je jette un dernier coup d'oeil furtif à mes notes, avant que la scène ne soit à moi, le silence se fait lentement dans l'amphithéâtre de l'université Borrow, élèves comme professeurs attendent, certains, un livre de divers auteurs sur divers sujet plus ou moins abordables sur les genoux, d'autres, omnibulés par le jury, chuchotant quelques approbations et affirmations ça-et-là, tous se taisant plus ou moins . Je m'avançe d'un petit pas vers l'estrade et attends le signal du technicien pour débuter le discours . Aujourd'hui et un jour de fête à Borrow, c'est la finale du concours d'éloquence des secondes. Un son strident retentit en écho dans la vaste salle, signe de l'activation du micro . Un râle imperceptible de désapprobation auditive s'élève de l'assemblée, puis le silence revient . Je commence à remuer les lèvres, alea jecta est :
"Bonjour à tous et toutes, j'aimerais, vous racontez une histoire, un peu loufoque sur les bords, mais, vous le constaterez par vous même, d'une réalité flamboyante : Imaginons qu'un jour, vous deviez tuer une personne, et ce, contre une grosse somme d'argent . Chose improbable somme toute ! Du moins pour les bourgeois et les bourgeoises qui m'entendent ! Pour les autres, le tiers mondes, les classes moyennes, les femmes au foyer, les péagistes, les citoyens pour couper court, le dilemme se fait plus complexe et les rouages des encéphales se remuent lentement, se réveille douloureusement d'un sommeil archaïque ! Mais quel sommeil, me diriez-vous ? Ou plutôt provoqué par quoi ? Par quelques somnifères du subconscient, quelques médicaments pseudo-immunitaires ?
Du tout ! Vous répondrai-je . Alors pourquoi doutez-vous ? Là, à cet instant, où cet homme masqué, robuste comme un boeuf, coinçant votre trachée contre son coude, prêt à détaller un coup du lapin vous pose la question ? Oui, pourquoi vous suggérer au profond de votre âme, intérieurement, que ce n'est qu'un homme, parmis tant d'autres, et que, vous avez tout de même besoin de cet somme ! Que le tuer sera rapide et que la somme sera vite encaissée ! Après tous, vous ne le connaissez même pas, l'homme en question . Vous avez du le croiser rarement, à l'heure de la pause café, vous ne savez même pas son nom de famille complet . S'il a des enfants ? Apparemment pas, vous l'auriez sans doute remarqué ! Les pères de familles ça se sent à dix mille kilomètres . Oui, sa mort passera inaperçue ! Mais quelque chose vous rattrape, quelque chose qui se fait d'ailleurs de moins en moins présente à mesure que l'homme vous étrangle, à mesure que vos idées culminent droit vers le pactole rondelet promis ! Ce quelque chose, mesdames et messieurs, c'est votre empathie ! Votre bon sens, comme nous l'appellons famillièrement, une de ces capacités humaines inutiles qui permet un temps soit peu de se souvenir que cet homme nous ressemble ! Mais ici, votre empathie, votre conscience ne vous serviront à rien, et vous commencez à le réaliser, d'où cette désagréable impression de réveil . Face à la mort, combien d'entre nous auraient craqué ? Le quart ? Le demi ? Sept huitième ? Allons ! Nous savons tous pertinement que, le beau monde ici présent aurait supplié à genoux, et jurait par Dieux qu'il tuerait l'homme ! Nous savons, que l'égoïsme inrrassiables de l'humain nous aurait poursuivis, et ainsi, nous aurions céder ! Mais non, pas vous ! Vous qui vous prenez très certainement pour le saint esprit ! Premièrement parce que vous refusez l'offre et qu'en prime, vous vous laissez tuer ! Certains dans la salle, j'en suis sûre, vous prendrons pour un fou ! D'autres, qualifierons cet exploi modestement, de "téméraire" ! D'autres encore, non content de vous injurier, et de vous traiter de bougre, irons peut être jusqu'à donner un coup de main à notre homme masqué ! Tous ce cirque, cette mise en scène que je viens de vous conter pourrait bel et bien ce produire... c'est triste ! Quand ? Cette fois je ne répondrez pas à l'interrogation . Cette fois, je laisserai faire vos deux ancéphales souillés de conscience à cause de la mort d'un homme, car, oui, dans mon histoire, il n'y a pas de fin heureuse et de mari et femme, dans cette histoire d'homme et d'argent, aussi réaliste qu'elle pourrait appartenir à Maupassant, dans cette histoire, c'est l'auditeur qui décide de la chute, parce que l'auditeur, c'est le personnage principal . "
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