Bon, si tu veux, je quitte l’histoire sans la quitter.

Je trouve que ce travail est fascinant. Vous me faites tous penser à des psys illuminés. Passer la journée à écouter des pauvres gens paumés vous dire comme tout va mal, à quel point leur vie est misérable et que si vous pouvez m’aider mon père. Et vous, vous faites quoi ? Mais bien entendu, deux notre père, trois génuflexion et la vie est belle.

A bien y penser vous êtes un peu comme des dealers de drogue. Drogue dure. La culpabilité est leur état de manque, ils se mettent volontairement en position de ressentir de la culpabilité puis, la tête baissée et la goutte au nez, ils processionnent pour venir chercher leur dose de bonne foi.

Par contre, ici, il faut un peu parler de cette culpabilité. Parce que, nous ne sommes pas tous égaux et n’avons pas un baromètre universel. Toi, par exemple, tu es censé avoir un stock d’empathie illimité. Moi, de mon côté, j’ai été livré sans. Comment veux-tu qu’on réagisse de la même manière face aux malheurs des autres ?  

C’est d’ici que part l’histoire de mon deuxième ami et je te disais qu’il y avait un lien puisque je l’ai rencontré dans une église. Si j’étais un peu tordu, je pourrai même supposer que ton Dieu nous avait réunis sous son toit pour que nous fassions connaissance. Non ? Envisage la chose ; les voies du seigneur sont impénétrables, comme vous dites, donc il est possible, religieusement pensant, qu’il fasse se rencontrer un suicidaire n’en pouvant plus de sa vie et un jeune tueur cherchant sa route. Là est l’élément réellement important de cette deuxième expérience ; je l’ai fait par pure générosité ! Ne fais pas de gros yeux, c’est la stricte vérité.

Je rendais service. Je lui rendais service!