XIII

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Une petite grande ville, quand on arrive de nulle part, c’est pas facile à appréhender. La première chose qui te marque, c’est le bruit. Il ne s’arrête jamais, quoi que tu fasses et où que tu sois, tu l’entends. Je devrais dire les bruits, d’ailleurs. Voitures, motos, voitures de police, motos de police, ambulances, pompiers, bus, tramways et j’en passe. Puis aussi des chantiers et leurs machines ; les gens qui hurlent et s’engueulent. Et les avions mon ami, les avions. C’est terrible ce bruit.

Ensuite, les gens ; j’ai vu plus de personnes en une demi-heure dans un magasin que pendant les 17 années passées dans mon bled. Concernant les gens toujours, personne ne m’avait prévenu qu’on pouvait être tellement différents ! Tu savais toi quand t’as débarqué de ta cambrousse ? J’aime lire, beaucoup, on en parlera plus tard si tu veux, et donc je n’étais pas con au point d’ignorer qu’il y avait des blancs, des noirs, des Arabes, des Asiatiques… Mais une chose c’est de le lire, une autre de le voir dans un magazine ou une télé, et encore une autre bien différente de le vivre !

Et puis, l’autre chose qu’il m’a impacté très fort, c’est la perspective. Ou l’absence de. L’horizon. Dans une ville, c’est presque impossible de voir plus loin que quelques mètres. A part monter sur le toit d’un immeuble - ce que j’aimais beaucoup faire, j’y viens - tu ne vois rien que des maisons, des immeubles, des bagnoles… Moi, j’étais habitué à voir loin, tout le temps. Mon bled n’était pas haut, mais tu voyais suffisamment loin pour ne jamais te sentir enfermé. Au pire, quand quelque chose te barrait la vue, c’était un obstacle naturel ; un arbre, une colline, une vache.

Je comprends bien que, dit comme ça, j'ai l'air du dernier des ploucs débarqué de son tracteur. C'était le cas mon gros ! Quand j'y repense, t'aurais dû me voir, l'air con que j'avais. Mes habits trop petits, ma coupe de cheveux au bol, ma casquette ridicule et mon savoir-vivre en société digne d'un sanglier affamé dans un champ de maïs.

Plus de vingt ans ont passé et je m'y suis fait, j'y ai même trouvé mon compte et mon avantage, mais à l'époque, c'était vraiment Heidi descendue de sa montagne.

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