008 - compassion
Je le convoque dans mon bureau ostentatoire de la Mairie de Sylvania avec le motif douteux de réunion de travail.
- Schwaller, on va être amenés à travailler longtemps ensemble.
Un handicapé. Comment je peux résister ? J’ai déjà un scénario sexuel en tête. Je ne dis rien. Je me bande les yeux. Et je le déshabille doucement. Et j’accélère à chaque préliminaire pour finir par me coucher sur lui en hennissant comme les chevaux d’Aurélie. Pourquoi je pense toujours à elle ? Je me mémorise un plan cœur avec elle pour en avoir le cul net. Je soulève mon bandeau et je le vois là, à terre. Il bave, inconscient. Alors j’ouvre mon chemisier et je prends ses mains pour lui faire vraiment voir mes seins. Il les attrape et je le sens se réveiller dans mon ventre. Je lui essuie le visage, il y aussi des larmes. Je me retire et je l’embrasse sur la joue avant de lui murmurer :
- Les réunions ne sont pas censées durer aussi longtemps.
Je reste débraillée pour aller fumer sur le balcon. Je ne sais pas si c’est la puissance de l’herbe ou la fumée mais j’ai les larmes aux yeux. Mais je me sens bien, détendue, sereine, assouvie, calme, en paix. Et je le surveille de loin. Je ne veux pas qu’il parte en douce. J’ai envie de lui parler, de lui dire pardon, de lui dire merci. Mais je le rejoins juste pour lui demander :
- Ça va, Schwaller ?
Et je lui ouvre la bouche pour le gonfler en lui soufflant de la fumée grise et âcre. Ça le fait tousser. Je me serre contre lui, je l’enlace, je lui fais un gros câlin. Je respire fort par le nez, je commence à m’assoupir, je m’accroche à lui. Puis je descends lui nettoyer tout ça avec ma bouche. Quand je remonte, j’ai toujours ma tige à la main. Il pose ses mains sur mon visage.
- Tu es vraiment aveugle ?
- On voit mieux sans les yeux. C’est moins trompeur. Tout le monde te trouve si belle que personne ne te vois vraiment. Moi, si. Même si tu te caches derrière toute cette colère. Tu es là, tendre, passionnée, pleine d’amour, à donner.
- C’est sans doute Greta qui m’a ensorcelée. Elle m’a parlé de toi. Juste assez pour que tu trottes dans ma tête, en boucle, comme un cheval dans la ronde, Schwaller. Pourquoi ce nom ?
- À l’école de l’agence spatiale, mon premier travail pratique a été de construire une montgolfière pour aller le plus haut possible. Schwaller, ça veut presque dire gonfler.
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