015 - libération
Il est mort à minuit 25. Aline a l’air bouleversée. Moi, je ne ressens rien. Je suis juste soulagée. Libérée. Comme lui. Énola vient parler avec moi mais je n’ai pas d’arguments à lui présenter, il n’y aurait aucun sens à le ramener. Aux funérailles je dois prendre la parole :
- Il n’est pas mort. Il a juste disparu. Il reste là avec moi tant que je ne l’oublie pas comme lui s’est oublié. Et je vais l’oublier aussi, parce qu’il est parti et que l’éternité continue.
On m’explique que je ne réalise pas encore et que le jour venu je me sentirai très triste et pleine de chagrin, comme Aline en ce moment. En attendant, je suis suspendue de mes fonctions pour risque psy. D’une certaine façon, je suis libérée aussi. Alors je traîne dehors, il fait froid tout d’un coup. C’est les Saints de Glace ? On est le vendredi 15 mai 2116. Avant hier on lui retirait sa licence et il me souhaitait ma fête et je lui disais : « Merci Terek, c’est aussi le 24 mai. Promets-moi d’être encore là ce jour là. » D’ici là, je l’aurai pleuré et je l’aurai oublié. La Cathédrale Sainte Clarisse prend de la hauteur. Je vais sur le chantier mais Philibert n’est plus là. Il est reparti à Westech, sa mission est terminée, notre relation aussi. J’avais une réunion pour la sécurité là-bas, sur le choix des nouvelles technologie de pistage. Ça aurait été un bon prétexte pour le revoir. Je vais à la Mairie demander à Rachelle qui ne peut pas refuser ma doléance, parce qu’il faut que j’avance. Elle préviens Graham, le directeur de Philibert. Ils sont là à m’attendre sur le toit du bâtiment C, avec une grande brune. Phil me présente ses condoléances et ils m’escortent à la réunion. Elle se présente :
- Je suis madame Graham, Brigitte. C’est un honneur de te rencontrer.
- Brigitte, des brisims ?
- C’est pour moi que ça a été inventé. Enfin, pour Simone et moi.
- Je suis désolé Brigitte, je ne connais pas cet instrument. Pas encore.
Elle me regarde en coin. Je pense que dans d’autres circonstances, elle m’aurait proposé une démonstration en privé. Je soutiens son regard et je lui souris avant de lui faire un clin d’œil. Ça l’a cloue sur place un instant. Elle doit presque courir ensuite pour nous rattraper dans le couloir. Je ralentis pour l’attendre et on rigole discrètement. J’espère qu’elle sera encore là à la fin de la réunion. On se retrouve discrètement après. Finalement, c’est peut-être ce qu’il me faut pour que je réalise ce qui se passe. Brigitte est quelqu’une qui est à l’écoute et qui a certainement de bons conseils à donner pour traverser les épreuves.
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