Ce soir c’est le week-end. Le ciel se couvre. Je sens une menace. Je vais réfléchir sur la tombe de Terek. Et je pense à Aline. Je l’ai sauvée deux fois. La première en lui prenant Vincenzo et en lui donnant Willem. La deuxième en lui laissant Terek. Je suis une gentille arrière petite fille. Dévouée à la lignée. Maintenant Vincenzo est avec ma mère, Solène. Grand-mère Noëlle, elle, se débrouille toute seule avec le Pape François IV. Noëlle n’a jamais eu besoin de personne. Elle est une sorcière, comme moi. Mais je rompt la lignée par mon ventre qui enfante un garçon. Je suis sûre que bien des drames encore vont se dresser pour que je les traverse. Avec mes pouvoirs. Avec mon destin. Quelle tristesse. Je tombe à genoux et je pleure. Si je veux avancer, je dois écouter Greta. « Oublie l’agent, c’est un abruti. Concentre toi sur... » Mais je l’ai perdu aussi, Philibert. Pourquoi ? Pour lui courir après et rencontrer…

• Maëlle ?

J’entends sa voix. Je sens ses mains. Elle me relève. Je m’essuie le visage et je la regarde. Elle est bien là.

• Brigitte. On se voit toujours lundi, et mardi ?
• Non, c’est trop loin, j’ai pas pu attendre. J’ai senti que tu avais besoin de moi.
• On va avoir des ennuis, avec Graham.
• Tu rigoles. Ça l’excite. Et il peut enfin respirer, je suis du genre étouffante.
• Bri, I need sun.

Quand j’en ai vraiment marre, quand mon cerveau est fatigué, quand je passe en mode survie, je ne dis que l’essentiel et ça sort en anglais. Elle me soutient jusqu’à sa navette et on fait cap à l’Ouest, vers sa maison blanche. Même au soleil, j’ai froid. Mais Brigitte est là, à s’occuper de moi, à me dorloter, comme une amie qui me connaîtrait depuis longtemps.

• Brigitte, pourquoi et comment tu sais ce dont j’ai besoin ?
• Parce ce que je suis une sorcière de sorcière et que je ferai tout pour toi tant que tu me laisses plonger mon visage entre tes seins, mon paradis.
• Tu es mon paradis aussi. Tu m’as même inspiré mon discours qui a inspiré l’auditoire. Tu n’es pas une sorcière, tu es l’inspiration. Je me préparais à passer les deux jours les plus longs de ma vie jusqu’à lundi. Et tu es là.
• Oui, Maëlle, je suis là. Parce qu’avec moi, l’éternité ne peut pas attendre. Et je ne suis pour rien dans ton inspiration. Tout est en toi. Moi je ne suis personne.
• Peut-être mais là, ici et maintenant, tu es tout pour moi.