024 - effusion

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Dimanche 24 Mai 2116. On se retrouve tous à la Messe, à la Cathédrale de Laguna City. C’est le Pasteur Supérieur Patrice qui officie. J’entends des conversations étranges du genre :

  • C’est la Pentecôte ?
  • Non c’était la semaine dernière.

Des références lointaines en distance et en temps. Leur Dieu n’est pas venu jusqu’ici. C’est pour ça qu’ils ont bien voulu nous écrire une troisième version de la Bible et nous une quatrième. Il faudra que je regarde dedans quel genre de sorcière je suis. Il paraît que tout le monde s’y retrouve. Et Patrice enchaîne :

  • Sauf Dieu. Dieu ne se retrouve pas dans la B4, il s’éprouve.

On éprouve tous la même, et elle est là, Greta, avec son Valentin, son dernier garçon né sur Terre, une sorte d’élu final, rien que pour elle. Un martyre qui a beaucoup souffert, le profil type. Où est son bourreau ? LN a tellement péché qu’elle n’ose pas entrer dans les lieux de culte. La peur de la combustion spontanée ? Et le Pasteur continue :

  • Mais Dieu pardonne, Dieu partage son pouvoir, c’est l’effusion du Saint Esprit sur ses Apôtres, sauf Juda, qui s’est pendu à l’arbre de Judée et qui a été remplacé par Mathias.

Ça a l’air très concret comme histoire mais tout est symbolique. Je me demande si ils ont repris ce style dans la B4 ? Il faudra un jour que je regarde ce truc. Mais comme dit Greta : « C’est pas toi qui va à Elle, c’est Elle qui vient à toi. » C’est fini. Personne ne sort tout droit. Ils bifurquent à droite pour aller regarder la Chapelle Victoria. Ensuite on se retrouve tous à la garden party du couvent juste à côté. On se sent toutes de bonne humeur. On ne regrette pas de s’être levées tôt pour venir. Nous nous sentons belles en suintant encore de spiritualité dans des conversations positives. C’est un sas de décompression avant de retourner à la réalité de l’éternité au milieu de ce long week-end qui débouche sur le triptyque d’activité sociale où chacun choisira son jour, mercredi, jeudi ou vendredi vers une éternité de décroissance avec comme ligne éditoriale d’en faire le moins possible. Ralentir. Il paraît même qu’il y en a qui sont coincés dans des bulles temporelles, au large ou loin de l’attraction de la civilisation. C’est un peu ce qu’on a vécu avec Brigitte dans la forêt et près de la cascade. Justement, je sens sa main entrer dans la mienne et la douceur d’un petit bisou tout doux dans le cou, pour annoncer la suite où dans l’après-midi torride ses caresses seront ailleurs sur moi.

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