Jeudi 4 Juin 2116. Quand je suis loin de ma famille, je suis loin de mes problèmes. Et quand je me retrouve face à moi-même, je me sens vide. Mais je sais que ça ne sert à rien d’être la meilleure. En tout cas, pour l’instant, j’assure dans mes fonctions. Je me débrouille bien et j’avance face aux pires menaces de notre civilisation. J’en suis l’innocente garante. Je n’ai peur de rien ni personne parce que je n’ai jamais échoué, c’est tout ma force. Alors quand l’Octogone m’envoie un autre abruti arrogant je lui dis en face :

• Agent Machin. Tu veux ma place ? OK, prends-là, moi j’en ai rien à faire, j’ai été nommée. Mais on peut faire un vote si tu veux. Et je voterai pour toi. Moi, je suis jeune, j’ai autre chose à faire que de veiller sur la sécurité et la sûreté de mes aïeux. J’ai aussi une vie à vivre, éternelle.
• Je suis l’agent…
• Non, ne me dis pas ton nom. Tu n’existes pas. Tu n’es personne dans mon monde. Bienvenue au Conseil. Enfin, si il se réunit à nouveau et si tu es convié. Ça fait beaucoup de si. Et ma conception de ce jeu de rôle qui n’est pas du tout drôle, un « d » en plus pour la planète D, j’ai oublié ce que je voulais dire… Ah si ! Voilà : d’un côté la police. De l’autre, la politique. En gros, tu es viré. Bye, Machin.

Je le pousse en dehors de mon bureau et je claque la porte. J’en frissonne. Pas de Terek 2 pour moi, j’en ai déjà un dans le ventre. Je fais avec Machin ce que j’aimerais bien faire avec lui, mon bébé. Mais non, je suis raisonnable pour une fois. Je ne peux pas dire non à la vie. Je ne peux pas dire non à ma vie. J’appelle ma référente pour un enregistrement légal :

• J’ai besoin d’un numéro pour une décision de niveau 7, intitulé : création d’un Conseil de Sûreté. Le rapport est à la correction.
• Oui, je le vois. J’ouvre mon fichier, ce sera L-23.

Et voilà. Je laisse la présidence au machin pour la sécurité. Celui que je viens de virer est maintenant mon homologue. Il faut que je sorte de ce bureau, j’en ai assez fait pour aujourd’hui. Je descends au jardin Zen et je m’arrête sur la grosse pierre pour regarder autour de moi ce qu’il y a à observer. Et à entendre surtout. Le chant des oiseaux. Le bruits des feuilles des arbres dans le vent. J’enlève mes chaussures pour être au contact nu de la dalle. Je ferme les yeux. Mon équilibre précaire m’invite à m’asseoir, poser mon corps et libérer mon esprit. Qu’est ce que je vais vraiment faire de ma vie ? Je ne vais pas la passer à orienter les anciens qui ont déjà tout vécu ! Il faut que je trouve une autre voie que celle qu’on m’a choisie.