Vendredi 26 Juin 2116. Dans l’espace, on ne peut pas l’entendre crier.

• Professor Bang to ground control.

Bri le rassure, je ne l’ai jamais vue aussi concentrée. Elle est plus lente, plus sûre, plus solennelle. Il se dégage d’elle une force énorme. Je me fais discrète pour ne pas la perturber. Ils se détendent, tout à l’air prêt, il n’y a plus qu’à attendre que la machine charge avant d’effectuer un tir tout au fond de l’espace. Je n’y comprend pas grand-chose alors elle essaie de m’expliquer :

• Il veut démontrer un fait physique que je trouve assez inutile. En se basant sur mes recherches. Ma technologie pourrait aller plus vite que le quantique. Je trouve ça ridicule mais il a une vision tellement plus précise que moi sur l’univers qu’il ne se trompe sans doute pas. Il doute de pouvoir prouver tout ça mais je suis certaine qu’il va y parvenir, d’une façon ou d’une autre. Il est en quête.

Ils font leur compte à rebours, Big lance son antibruit et une lumière verte s’allume, c’est la confirmation du tir et de sa réussite. Le son est arrivé avant que la cible quantique change d’état. Dans l’espace et dans cet univers, le son va plus vite que le temps. C’est la preuve qu’on peut envoyer des trucs dans le passé. Changer le passé. Modifier le présent. Tout le monde est content. La science avance. Mais à quoi bon ? Big s’est fait plaisir avant de mourir mais c’est pas pour demain. Bri est tellement contente pour lui. Mais elle s’en fiche de tout ça au fond. Même si ça confirme son thème de recherche qui a toujours été ridiculisé par ses pairs qu’elle ne considère d’ailleurs pas comme ses pairs car elle n’est qu’ingénieur à la base. Elle n’a pas fait tout ça pour la science, elle a fait tout ça pour Big, son beau-père qu’elle aime bien. Ils ont l’air de se comprendre, humainement parlant. Mais lui veut savoir. Elle n’a pas peur de ne pas savoir. Elle n’a pas peur de perdre. Elle n’a pas peur de moi. Je sors de la salle opérationnelle et une fille regarde les écrans, elle est inquiète. Je remarque sa taille et ses bras fins, ses longs cheveux lisses et noirs, elle a un ruban gris noué autour, elle se retourne et je la reconnais :

• Hélène, tout s’est bien passé. Il peut redescendre maintenant.

Alors elle entre en salle pour discuter avec Bri, qui la rassure. Elles ont l’air de bien s’entendre. Bri ne juge pas et respecte tout ce qui peut être bon pour Big, même LN. Ils sont une famille. Et moi là-dedans ? Je me rappelle des derniers mots de Big pour moi. « Bienvenue dans la famille. » Vraiment ?