Dimanche 5 Juillet 2116. Dans le jardin, Bri surveille ses enfants de loin. On est installées sur la terrasse pour discuter autour d’une boisson chaude.

• Ils sont chouette tes gosses. Et ton mari est sympa.
• Ils sont la base mais c’est toi mon essentiel. Tu me fais exister en plus de tout ce bonheur. Tu comprendras quand tu auras une base à toi.
• Je ne sais pas si j’ai besoin de tout ça. Tu me suffis amplement, Bri. Et ton Graham, il a une essentielle aussi ?
• Adèle. Elle me ressemble, avec des rondeurs en plus et des cheveux longs. Je suis sûre qu’elle te plairait. Elle travaillait à l’Agence Spatiale. Elle est en back up crew, ce qui fait de moi sa patronne maintenant. Elle se tape le mari de la patronne… Elle faisait partie de la Dream Team. Ils se sont préparés toute leur vie pour une mission qui a été annulée. Les voyages dans l’espace sont devenus obsolètes depuis que Alice vous a tous ramenés. Adèle n’était pas dans la bonne équipe. Elle s’est consolée avec Westech, son fournisseur de technologie dépassée. Elle a appris a perdre malgré elle.

Il se passe quelque chose en rapport avec tout ça dans la grande maison. Je prétexte un check sur mon dark pour l’éclipser dans ma chambre. C’est là que, dans le couloir, je la vois se sauver sur la pointe des pieds. Je la rattrape et je la surprends. Mais elle reste digne :

• Salut. Il n’est pas d’humeur aujourd’hui.
• Bonjour Adèle. Désolée, c’est à cause de moi. Autant de filles, c’est trop pour lui.

Elle ne sait plus quoi dire. Elle apprécie, ma réplique, mon humour et elle commence à m’envisager. Je l’accompagne, elle évacue par les bois en remettant ses chaussures. On tombe sur une table en bois avec ses bancs. On se pose pour discuter. Bri a raison, elle me plaît. On se plaît. Elle se raconte comme un mauvais bilan.

• J’ai tout raté et je suis dans une relation vide. C’est fou comme tout peut basculer. On a beau y croire et mettre toutes les chances de son côté, ça ne suffit pas. Toi, tu y arrives, tu es heureuse avec Bri, dans cette situation.
• Oui mais je suis jeune et je n’attends rien de personne. Alors ce qui arrive, c’est toujours du bonus. Et j’essaye d’en profiter au maximum. L’existence est longue mais l’amour est éphémère. Je suis bien contente de t’avoir rencontrée, Adèle.
• Moi aussi, Maëlle.

On rit, on se fait un bisou et on se retourne pour se regarder, de loin.