091 - introspection
Jeudi 30 Juillet 2116. Je retrouve Maëlle au Zen Institute à Sylvania. Dans notre chambre elle m’enduit d’huiles parfumées et elle me masse de tout son corps nu sur le mien avant d’utiliser des galets chauds et froids. Après mon âme, elle révèle mon corps. Je ne lutte plus. Je m’abandonne en elle. On finit par jouer avec nos doigts et nos langues jusqu’à l’extase. Après, on peut enfin discuter.
- Alors, ce Philtre ?
- On n’en a pas repris, pas besoin en fait, plus besoin, d’artifices. Et je crois que ma quête est finie, ou en pause, on verra plus tard avant de déterrer les fantômes du passé. Et toi, comment ça se passe avec Bri ?
- On se rend jalouses pour mieux se retrouver chaque nuit. Elle va sentir ta présence sur ma peau et ton goût dans ma bouche. Je vais être punie.
- Moi j’ai enfin le dessus sur Sabine. Elle peut s’appuyer sur moi maintenant. Et se laisser aller. Se laisser guider. Se laisser masser. Je vais venir ici avec elle.
Et on fume des vapeurs végétales, et on plane en s’embrassant et en se tortillant l’une dans l’autre. J’adore avoir une meilleure amie, avec qui on peut tout faire, avec qui on peut tout dire, comme ça. On descend loin profond, j’ai l’impression de me poser au fond de l’océan, complètement détendue, entièrement à sa merci. Merci. Merci pour ce moment. C’est dur de remonter à la surface, dans la réalité, retrouver l’apesanteur et l’oxygène, nos corps à laver, à sécher, à habiller et à peigner. Sabine me récupère dans un drôle d’état. Elle est inquiète de me voir comme ça. Mais elle a raison. Il paraît qu’il y en a qui n’en revienne pas du Zen Institute, qu’ils restent dedans, de l’autre côté, au fond. Mais si on y va avec Maëlle, c’est pour mieux revenir. Je reprends ma conscience avant d’aller à la Clinique. C’est la main de Sabine que je tiens pendant l’intervention. Adieu Graham, tu n’as plus rien à faire là. Et mon ventre se libère, vierge, disponible. Quand le soir arrive, dans notre maison, dans notre couche, je retourne le brisim et on se connecte pour toute la nuit. Comment c’est possible de jouir autant le même jour ? J’ai l’impression d’être une fleur qui éclot, un bouquet, une prairie, avec son vent, sa pluie et sa terre fertile où les arbres vont finir par pousser, un verger nourricier pour le fruit de notre amour qui un jour s’affranchira de nous dans une nouvelle âme. L’âme. C’est la clé de cette histoire qui tourne autour de Bri. Son Invisible est invisible mais elle est peut-être le refuge d’une âme, mais de qui est-elle aussi importante ?
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