111 - synchronisation
Mercredi 19 Août 2116. J’ai toujours su que j’y arriverai, à chaque mission, à chaque défi. Mais là je sais, je sens que c’est au dessus de mes forces, de ma motivation et de mon envie. On me demande, à moi, de prendre la suite de Greta ? Rien que ça ! Et le pire, c’est qu’ils y croient tous, qu’ils en sont persuadés alors que je sais, je sens, au plus profond de moi que c’est non. Je veux juste être tranquille, dans l’ombre, c’est là qu’est ma place. Je n’ai pas à obéir à tous ces cinglés autour de moi qui me disent qui être ou quoi faire.
- Maëlle, qu’est ce que tu attends de moi ? Que je sois ton Pôle Sud, c’est ça ?
- Chill, Bri. Je crois que tout est mal interprété. La civilisation n’a pas encore les bons outils pour savoir comment gérer la nouvelle ère. Tout à l’air de focaliser sur toi mais tu es juste un exemple, un guide, tu leur montres le chemin par qui tu es vraiment au fond de toi. Exceptionnelle. Belle. Dans la vérité au-delà de toutes les conventions. Et tu as commencé à changer ce monde bien avant tout ça, avec le brisim et ensuite avec l’art de perdre, de fermer les établissements, de tout mettre en stand by. C’est de ça dont la civilisation a besoin, pour se sentir bien et que tout reprenne du sens. Pour ça, il faut redémarrer pour lancer la mise à jour et toi, Bri, tu représentes tout ce processus.
Je sors pour m’isoler et je vais dans le petit bois en face fumer une tige en essayant de ne plus penser à tout ça. Une jeune fille passe à vélo et s’arrête pour me dire :
- Je me suis retrouvée dans la même position que toi, en face de Greta.
- Énola ? Comment tu t’es sortie de là ?
- Je leur ai fait suffisamment peur pour qu’ils me laissent tranquille et j’ai pu continuer de vivre ma petite vie anonyme.
- Tant mieux pour toi mais moi je n’ai pas de pouvoirs.
- Ce ne sont que des artifices inutiles. Il y a une autre méthode pour t’en sortir. La tienne. Seule toi le sait ou le veux ou ne le veux pas.
- Je veux fumer ma tige.
- On partage ?
Elle pose soigneusement son vélo sur sa béquille et on s’installe sur un banc.
- Je te préviens Énola, c’est de la forte, tu vas devoir rentrer à pied.
- Il y a pas une chambre d’amies chez Maëlle ?
- C’est pour les amies.
- Ha, ha…
Alors on fume et on rêvasse. Je commence à ne plus sentir son mood.
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