129 - transformation
Dimanche 6 Septembre 2116. Je le laisse m’honorer machinalement. Je simule même. Il le remarque. Ça le fait rire. Il met son doigt sur sa bouche. Je redeviens impassible. Ça l’excite. Il s’affaire, il termine son affaire et il s’écroule sur mon corps nu sans désir. Je pense à Izzy.
- Valentin, j’ai changé, je ne suis plus la folle furieuse que tu as connue jusqu’ici. J’ai été changée. Par Izzy. Je suis devenue quelqu’une d’autre.
- Enchanté, tine tine ? Je t’aime et je t’aimerai toujours, qui que tu sois, tant que tu me laisse me décharger en toi.
- Okay, je te laisse mon corps, mon dernier homme.
Et je me frotte, je m’agite, je l’excite, je sais ce qu’il lui faut. Je le terrasse et je le laisse pour aller me laver et m’occuper de Mona. Elle est toute agitée, comme si elle sentait, comme si elle savait, que je suis plus faible qu’avant. Mais dès que Izzy arrive elle se calme net et elle la regarde avec émerveillement et avec crainte comme si elle était un animal sauvage. Je peux souffler enfin.
- On va à la Messe, ensemble ?
- Je ne crois pas, non, je vais faire une pause spirituelle de 20 ou 30 ans. Et je n’arrive plus à dominer Mona. Elle s’est calmée dès que tu es arrivée. Il faut que tu restes vivre ici, justement, le studio est libre.
- D’accord.
On se regarde et on éclate de rire. Tout paraît si facile avec elle. Je me sens heureuse, je me sens nouvelle. J’ai besoin d’elle, j’ai besoin de Valentin, je vais avoir besoin de tout le monde maintenant, les rôles sont inversés.
- D’accord.
Et je lui prends la main pour lui faire visiter. Dès que je ferme la porte derrière nous je sens ses caresses et mon corps se réveille, pour elle. Elle y va plus doucement mais c’est encore très intense, je me retiens de crier. Elle sent mon désarroi alors elle s’adoucit, jusqu’à devenir tendre et aimante, chaleureuse et bienveillante. On ressort de là avant de succomber l’une à l’autre. Mona nous attend. On reprend nos esprits et je les présente, solennellement. La famille s’agrandit et se structure, je ne suis plus la poutre maîtresse. J’ai Izzy maintenant. Et je me sens plus vivante. Mes sens primaires sont en éveil. Les odeurs, le goût, le toucher, l’ouie et la vue. Sans compter les autres. Et je ne me définis plus sans les autres. Je ne suis plus Greta. Je suis leur Greta. La mère, la femme et l’amie. Je me regarde dans le miroir et j’invoque à haute voix : « Tu ne sera plus jamais seule. »
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