136 - génération
Dimanche 13 Septembre 2116. Le jour se lève enfin. La nuit a été longue. Même depuis la cabine de pilotage je les ai entendues gémir. Greta et Victoria. Je suppose qu’elles se sont bien vaccinées l’une l’autre. Mission accomplie. Ma mère est sauve maintenant, elle est assurée de bien vivre son ère de la B4 en redevenant elle-même. L’Humanité n’a plus besoin d’elle parce que je suis là, Isa Love Ernman Thunberg, la Greta 2.0 de la planète 4. En rentrant au port on nous attend sur le quai, ma demi-sœur, la Princesse, la future Reine de mon demi-frère le Roi, Spencer, fils de Frances.
- Clémence ! Je te ramène ta mère, Victoria est saine et sauve.
- Salut Love, je te croyais au Port de l’Est depuis que tu as quitté le Village.
- Je fais le Tour. Prochaine étape, Laguna Beach, mais sans nos mamans, elles doivent se retrouver, retrouver la terre, ferme. Tu viens avec moi ? Au soleil. Tu es toute pâle. Il faut t’habituer à la lumière.
Elle hésite. Elle en a envie. Je raccompagne nos mères chez Greta et on s’installe dans le jardin, je sens ma proposition mûrir en elle pendant qu’on discute de tout et de rien.
- Tu es si différente, Love. De ton frère. Vous avez vraiment le même père ?
- Tu sais bien que c’est les mères qui comptent.
Elle se détend. Je me sens bien avec elle. Elle se sent bien avec moi. Pourtant, je suis la seule à ne jamais la complimenter, sur sa beauté. Justement. Je regarde au-delà. Je la vois. Je lui dis.
- Tu as l’air fatiguée, Clem. Non, désœuvrée plutôt.
- C’est vrai. Je ne peux rien te cacher à toi. Tu es bien la fille de ta mère. C’est juste que mon heure n’est pas venue, elle s’éloigne. Comme la Cathédrale Sainte-Claire, j’ai l’impression que je ne serai jamais finie, aboutie.
- Stand by Clem. On doit vivre notre ère tranquillement en attendant que la prochaine génération fasse sa révolution. On risque d’attendre longtemps. Prépare toi tranquillement pour ton Opéra. C’est quand ? L’année prochaine ?
- Je suis déjà prête en fait. J’ai même pas repris les répètes à la rentrée. J’ai l’impression que tous les événements à venir ne vont pas se produire.
- Oui, Clem. C’est ça l’esprit. Tu as besoin d’autres repères pour y voir clair.
Je lui prends la main. Elle me sourit. Elle me regarde droit dans les yeux. Je sens en elle une audace, sans retenue. Elle a besoin qu’on lui remette les idées en place, entre autres.
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