154 - médiation
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Jeudi 1 Octobre 2116. Je me prélasse tranquille à la Paillote de la plage quand je suis interpelée par une cliente.
- Salut ! En vacances ?
- En Octobre ? Je ne suis pas une retraitée. Et on est Jeudi, c’est pas encore le week-end. En fait je suis une locale, de la Maison 43.
- Pourquoi tu m’espionnes ?
- Pour une sombre organisation de l’Invisible qui veut te recruter. Est-ce que tu as la Foi ?
Elle est surprise que je ne sois pas surprise. Comment elle a pu me repérer ?
- J’ai un sixième sens.
- Tout s’explique.
- On s’est déjà croisées mais je n’ai pas envie de faire de la méditation pour savoir où. Éclaire-moi.
- L’Octogone. J’étais chef de groupe à l’inter en zone ouest. Toi tu finissais ta formation de lieutenante à l’échec school.
- Ouais, j’ai fini mon contrat et je suis partie. Jamais je ne me suis sentie des leurs. À l’Hôpital non plus, j’ai merdé, une fois de plus. Là où ça s’est à peu près bien passé, c’est sur la Base aérienne. Mais après à l’Agence, ça a foiré.
- Et maintenant ? Qu’est ce que tu fais ?
- T’as pas regardé dans mon profil ?
- C’est pas mon genre. Je préfère me rendre compte de moi-même.
- Ouais, les grands principes. Je fais du périscolaire, j’anime des ateliers, pour leur inculquer les vraies valeurs et j’essaye de faire accepter mon petit garçon dans le groupe. Je ne sais pas si je vais y arriver, moi-même j’ai toujours été exclue du groupe. Il s’appelle Tonio, moi c’est Paloma, et toi ?
Je ne réponds rien. Elle le sait. Elle veut juste montrer qu’elle est okay.
- Non, je t’assure je ne sais pas qui tu es, ton identité, je ne vois pas les choses comme une machine ou un serveur. Dis-moi qui tu es vraiment.
- Je ne sais pas, je me cherche encore. Autour de moi tout le monde a une idée claire de moi-même mais pas moi. Les autres veulent décider pour moi de mon sort. Et dans ce grand bazar je me cherche un parcours de vie, un vrai, en dehors de mes diplômes et de mes qualifications, en dehors de mon identité familiale, en dehors de mon destin. Que je considère accessoire, surtout maintenant, à notre ère d’attente et de latence.
Elle me regarde avec attention et elle sourit. Moi aussi et je conclue :
- Je m’appelle Isa.
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