Lundi 12 Octobre 2116. Quelque-chose a changé. Même si en apparence tout est toujours pareil. Ce matin c’est dur de se lever pour Antoine. Je le prépare et il me regarde bizarre, à travers moi, je me retourne pour voir si il n’y a pas un fantôme. Isabelle me rassure :

• T’inquiète, à cet âge là ils voient encore les âmes. Et tu es une Sœur maintenant.

Et je jauge la sécurité de mon fils. Isabelle est une Greta, une prédatrice. Mais cette ère est révolue. Nous vivons dans un autre monde maintenant. Direction l’école. À l’aller et au retour je ressens mon environnement différemment. Tous les trucs à la con que j’ai appris à l’Octogone me reviennent. Je suis une Sœur Ninja, sur le qui-vive. Mais à peine rentrées on retourne se coucher. Nos croix aimantées s’attirent et se collent l’une à l’autre. Nous aussi. Et on se caresse frénétiquement pour perdre connaissance et se réveiller dans de meilleures dispositions. J’ai l’impression que Isabelle lave mon corps à chaque fois qu’on se mélange. Et sous la douche aussi, je ressens l’eau différemment. J’ai hâte d’être à Mercredi pour aller me plonger au fond de la piscine de la maison 43, il y a peut-être des réponses au fond du Grand Bleu, ou alors d’autres questions. Isabelle me voit pensive et inquiète alors elle tente de me rassurer :

• T’inquiète, notre ligne éditoriale est simple : en faire le moins possible. On est bien, là, à Laguna Beach, loin de tous les spots occultes. On a tout le temps de voir grandir Antoine, d’être une vraie petite famille de l’R4. Les 4 points cardinaux. Nord Sud Ouest Est, comme le signe de croix.

Pourquoi je ne dis rien ? Il n’y a que elle qui parle. Peut-être qu’on n’a plus besoin d’échanger en vocal ? Que tout se fait par télépathie ? Elle me caresse la joue et elle me serre dans ses bras. Je ferme les yeux. Je suis bien, là, je sens son cœur qui bat, pour moi. Il n’y a aucune menace à l’horizon. Nous sommes des agentes dormantes, au cas où, pour protéger notre temps car dans l’éternité il est précieux ce temps, celui de l’ère de la quatrième Bible. J’attrape ma croix et je fais une prière. Je vous salue Magdalena, pleine de grâce, vous êtes bénie entre toutes les femmes et l’élu qui souille vos entrailles est béni. Sainte Madeleine, maîtresse de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheresses, maintenant et à l’heure de la fin de l’ère de la quatrième Bible, amen. Isabelle prépare le brunch à moitié nue. Je lèche la confiture qui coule sur ses joues. Elle trempe ses seins dans du lait.

• On est bonnes pour repasser sous la douche.
• Non, je veux que tu me nettoies parfaitement, absolument, divinement.