184 - inauguration

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Samedi 31 Octobre 2116. La Messe Noire à la Cathédrale de Laguna City, dans la Chapelle 34. Ambiance tamisée. Le silence est juste rythmé par un coup de sabre sur la colonne en pierre. Quelqu’un tire sur le drap gris de la statue de droite. C’est moi, avec Antoine accroché à mes jupes. Je murmure à ma compagne :

  • Comme je suis belle !
  • On te voit toutes comme ça, Paloma.

À la fin de la cérémonie les capuches noires se baissent et Adé apparaît, elle me fait signe de la suivre et on s’isole dans le cloître, elle sort une tige qu’on partage.

  • Paloma, j’ai dû louper un chapitre. Qu’est ce qui se passe ?
  • I met Énola, twice.
  • Really ? And what happenned ?
  • The first time, she kissed me. The second...
  • What ? Holly crap ! Elle est une Mage, tu te rends compte ? Elle t’a choisie. Tu as peut-être même des pouvoirs maintenant.
  • C’est à vous de voir. Voyez ça avec nos statues. La Chapelle 34 est faite pour ça. Nous on est vivantes et on existe, à l’Ouest, en pleine lumière, à l’abri de l’Invisible. Toi aussi Adé, tu devrais faire une pause, on n’est pas prêtes d’aller à l’inauguration de ta Cathédrale Sainte-Claire. Viens dans mes bras, je vais te faire voir.

Et on se fait un gros câlin. Je la garde contre moi et j’attends que ça agisse.

  • Tu sens comme Isa Love. Tu en es imprégnée. Mais il n’y a pas que son parfum, n’est ce pas ? C’est un Philtre de vérité. Je comprends. Je suis déjà en pause, Paloma. Et avec Hilde on habite pas une péniche par hasard. L’eau nous protège de l’Invisible. Chez nous on est en vrai, au naturel, et on s’aime, pour toujours et à jamais. Je préférais l’ancien slogan : « Sur la Terre comme au ciel. » Mais il n’y a plus de Terre. Et le ciel est bien différent ici. Je crois même qu’on y est, au ciel.

On va au Jardin du Couvent retrouver les nôtres, ma belle et mon fils. Et la vie suit son cours, on va déjeuner à Sylvania, au Restaurant de l’Opéra, pour l’ambiance musicale adaptée à notre humeur de ce jour particulier. Ensuite Antoine insiste pour prendre le petit train qui va de place en place au détour des commerces. On se balade en famille, en ville, à l’Est, dans la civilisation froide du passé avant de rentrer chez nous, à l’Ouest, au chaud, à l’abri, corps et âmes.

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