Il y a de la musique dans son appartement. Une bonne ambiance, une atmosphère joyeuse qui plane dans ce studio légèrement en désordre. Deux ou trois verres sur la table basse reflètent les clips qui passent à la télé, quelques fringues sont posées sur l'une des chaises de la table à manger et les restes de son petit-déjeuner ne sont pas débarrassés. Mais cela ne l'empêche pas de danser dans cette salle de bain qui s’apparente plutôt à un hammam. Clarisse semble enfin profiter, lâcher prise et prendre soin d'elle. Elle ne l'avait pas fait depuis... Enfin bon, elle n'y pense pas pour l'instant. Qu'elle en profite.

 À la télé, la musique change, faisant évoluer le rythme qu'employaient ses hanches devant le miroir. Elle enroule une serviette de bain autour d'elle et se dirige, en chantonnant, vers son petit dressing sur mesure. Elle saisit un crop-top et un shorty sexy, avant de diriger sa main vers ses sous-vêtements. Mais son mouvement est interrompu par la sonnerie de son téléphone. Elle retourne à la salle de bain pour aller le chercher, quand finalement elle hésite à répondre.

 Elle connaît ce numéro. Comme prise d'un doute, elle ne répond pas. Son cœur s'emballe et la joie qui envahissait son visage disparaît brutalement. Elle prend le téléphone, va dans la salle, éteint la télé et attends. Elle attend qu'ils rappellent.

 Le téléphone sonne à nouveau. Son cœur tambourine davantage. De sa main tremblante, elle décroche et approche lentement le téléphone à son oreille.

  — Mademoiselle White ? C'est...

  — Oui, je sais, les interrompt-elle d'une voix inquiète.

  — Je pense que vous ne devriez pas tarder, poursuit le haut-parleur. C'est... C'est pour bientôt.

 Clarisse s'effondre. Les larmes cascadent sur ses joues pâles. Elle se calme puis demande :

  — Vous pensez que je dois l'emmener ? Vous savez la...

  — Oui. Je pense qu'il le faut.

 Elle se laisse tomber sur le tapis du salon.

  — Soyez prudente sur la route, mademoiselle White. Nous vous attendrons comme prévu à l'accueil du Hall B.

 Elle ne répond pas et raccroche. Quelques sanglots reprennent le dessus. Puis elle se calme et se prépare avec des vêtements plus appropriés. Avant de partir, elle ouvre le placard de l'entrée et saisit un sac opaque en tissu d'une taille plutôt importante. Elle se chausse à la hâte et franchit la porte de son appartement qu'elle ne prendra pas la peine de fermer à clé ; chaque minute peut compter.